Précis Domat - Philosophie du droit - 2e - 41

ATHÈNES
dans le Code civil de 1804 jusqu'aux grandes réformes de la seconde partie du
XX
e siècle.
47 Cité. - Aristote observe ensuite que les familles tendent à se regrouper entre
elles. Ainsi, la cité est une simple agglomération de familles. Elle constitue
comme un développement naturel de la famille. Mais, pour ne pas devenir ingouvernable,
elle ne doit pas dépasser les cent mille habitants. Pourtant, cela n'interdit
pas que des cités puissent se regrouper entre elles sous la forme d'une confédération.
Grâce à l'entraide de tous, la Cité permet à ses membres de trouver le bonheur.
La finalité de la Cité n'est donc ni la conquête, ni la prospérité. Poursuivant
son observation, Aristote constate qu'il n'existe pas une égalité parfaite entre tous
les hommes. Seuls les citoyens sont égaux entre eux. Ce sont des hommes libres
que la naissance, l'éducation, les dispositions rendent dignes d'aspirer à la plénitude
de la vie intellectuelle. C'est pour eux que les lois sont édictées : elles doivent
faire connaître à chacun quels sont ses devoirs, elles doivent imposer le respect et la
pratique de la justice et permettre à l'amitié de s'épanouir. Pour qu'elle puisse réaliser
son rôle, la cité a besoin d'une autorité jouissant du pouvoir de légiférer, de
gouverner et de sanctionner. Ce gouvernement peut émaner d'une seule personne
(monarchie), des meilleurs ou des élites (aristocratie) ou de l'ensemble des citoyens
(démocratie). Pour Aristote, ces trois formes de gouvernement peuvent, selon les
circonstances, être bonnes et utiles ou mauvaises et corrompues. Le régime le
plus parfait est celui qui s'adapte le mieux au caractère de la cité. Pourtant, Aristote
considère que le gouvernement le meilleur pour un peuple libre est celui où tous les
citoyens participent au pouvoir. Il faut néanmoins se rappeler que les citoyens ne
forment qu'une minorité, d'autant que la plus grande partie des habitants est constituée
par les femmes et par les serviteurs. Les serviteurs sont les hommes qui habitent
la cité, mais qui sont exclus du rang de citoyen. Parmi les serviteurs, certains
sont libres, comme les agriculteurs, les artisans, les commerçants et les mercenaires.
D'autres serviteurs sont des esclaves. Comme Platon avant lui, Aristote justifie
cette institution humaine comme répondant à une nécessité de la condition
humaine. Sans remettre en cause cette institution, Aristote se contente de recommander
aux maîtres la douceur et la modération à l'égard de leurs esclaves. C'est
très certainement l'une des idées du Stagyrite les plus incompréhensibles de nos
jours. En effet, aujourd'hui, l'esclavage ne nous apparaît pas comme une institution
dictée par la raison. Il est au contraire perçu comme une dégradation de la raison
humaine.
48 Justice. - C'est au sein de la Cité que se déploie le droit. Là encore, il s'agit
d'une observation d'Aristote qu'il développe dans le livre V de l'Éthique à Nicomaque.
Le terme to dikaion en grec est traduit en latin par ius,c'est-à-dire que le
droit se trouve de manière primordiale dans la justice. Aristote opère cependant une
distinction entre une justice générale et une justice particulière. La première
concerne la conformité de la conduite d'un individu à la loi morale et c'est la raison
pour laquelle elle est aussi dénommée la justice légale. La seconde ne concerne
qu'une partie de l'activité sociale à savoir l'attribution des biens aux personnes et
elle concerne cette fois l'égalité. Cette seconde activité peut s'appréhender de façon
subjective ou objective. D'une manière subjective, la justice est envisagée d'un
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