Droit et Société - Volume 60 - Humain Non-Humain - 181

PSYCHE, ANIMAUX, NATURE

Il ajoute qu' : « Il ne fait aucun doute qu'un immense répertoire d'états mentaux, depuis la vision jusqu'au toucher, de l'odeur la plus savoureuse à l'émotion
la plus odieuse, peut subsister au sein d'un corps aussi inerte qu'un cadavre 22».
Ces patients représentent, poursuit toujours Stanislas Dehaene, un défi pour
les neurosciences 23.
« Une théorie de la conscience, si elle est effective, devrait expliquer pourquoi certains patients perdent conscience et d'autres non. Surtout, elle devrait
leur apporter de l'aide. Si les signatures de la conscience sont tellement faciles à
détecter, il est urgent de les mettre au service de ceux qui en ont le plus besoin :
les patients non communicants, pour qui la détection d'une trace de conscience
peut devenir, littéralement, une question de vie ou de mort. Dans les services de
soins intensifs, partout dans le monde, la moitié des décès résulte d'une décision
médicale de cesser la réanimation. On ne peut que se demander combien [de
personnes] meurent parce que l'équipe médicale n'a pas su détecter leur conscience résiduelle ou entrevoir qu'ils sortiraient prochainement de leur coma et
recouvriraient une vie mentale digne d'être vécue 24 ».
Le deuxième chercheur est Hugues Delmas.
Celui-ci a dans sa thèse de psychologie sociale et psychologie cognitive désiré étudier les expressions faciales et les mensonges factuels et plus encore évaluer les croyances et l'identification des expressions produites lors d'un mensonge à forte charge cognitive 25.
Il est question de savoir si le mensonge peut être lu ou identifié sur le visage
d'un être humain.
L'auteur s'intéresse au sens commun et aux pseudo-sciences dans ce domaine
(il existe des visions stéréotypées du mensonge à partir des expressions faciales).
Le visage du menteur est de toute façon un territoire mal exploré 26.
Il est l'occasion de croyances parmi lesquelles il est possible de citer (s'agissant d'expressions faciales et de mensonges) :
- le fait de se sucer les lèvres,
- le fait de se sécher les lèvres,
- le fait de regarder en haut,
- le fait de regarder en bas... 27
Hugues Delmas - reconnaissant qu'il reste beaucoup à faire - propose des
perspectives de recherches 28.
Son travail doctoral passionnant conduit à poser deux questions :
- Les croyances relatives aux expressions faciales sont-elles nécessaires
à la diffusion d'un mensonge que ce soit en psychologie ou en droit ?
22.
23.
24.
25.

Ibid., p. 277.
Ibid., p 277.
Ibid., p. 277.
Hugues DELMAS, Expressions faciales et mensonges factuels : évaluation des croyances et
identification des expressions produites lors d'un mensonge à forte charge cognitive, op. cit.
26. Ibid., p. 101.
27. Ibid., p. 225 et s.
28. Ibid., p. 248.

DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 60, 2020

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