Bibliothèque de droit social - Tome 79 - La charge de travail - 267

Les enjeux d'une charge de travail raisonnable

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de protection et de promotion de la santé assorti d'une certaine force obligatoire88.
C'est principalement à défaut de consécration légale que les règles actuelles pourraient utilement être complétées par des actions volontaires de régulation de la
charge de travail par les entreprises, dans le cadre d'une politique de RSE.
2. Charge de travail raisonnable et attractivité de l'entreprise
417. Prévention du turn-over. L'amélioration de l'image véhiculée par l'entreprise et la mise en avant de valeurs sociales et sociétales qui résultent de l'établissement d'une politique de RSE ne sont pas sans effet sur les performances économiques de l'entreprise. Parmi les conséquences de la surcharge de travail, on
retrouve un fort taux de rotation du personnel, économiquement pénalisant pour
l'entreprise89. La démarche RSE, particulièrement les mesures visant à offrir aux
salariés un cadre de travail durable, où sont conciliés intérêt de l'entreprise, santé
et bien-être des salariés, qualité de vie au travail et conciliation des temps est de
nature à limiter le turn-over en fidélisant les salariés présents dans l'entreprise. De
façon évidente, de telles conditions sont de nature à prévenir les démissions, prises
d'actes ou demandes en résiliation judiciaire du contrat.
418. Attractivité des entreprises. Au-delà de la prévention du turn-over,
l'exigence d'une charge de travail raisonnable peut participer de l'attractivité des
entreprises qui la mettent en œuvre. L'intérêt est alors de ne pas rencontrer de
difficultés à recruter, voire d'attirer les meilleurs profils vers son entreprise.
Longtemps, les démarches de fidélisation et d'attractivité des entreprises se limitaient à des mesures touchant à la rémunération, aux congés, aux mutuelles
d'-entreprise, aux épargnes salariales... En d'autres termes, l'attractivité d'une
entreprise se mesurait surtout au regard de ce qu'elle pouvait offrir aux salariés
en dehors du lieu de travail : du temps, de l'argent, des soins. En raison de la
pénurie de main-d'œuvre observable dans certains secteurs d'activité, les entreprises ont dû repenser la façon d'attirer de nouveaux salariés, notamment les
jeunes entrants sur le marché du travail. Le travail est central dans les sociétés
contemporaines ; toutefois les aspirations sociétales se modifient avec le temps.
Aujourd'hui, les travailleurs tendent à se mettre à l'écart d'un travail aliénant et
s'investissent davantage dans un travail jugé intéressant, gratifiant. Or, « travail
" passionnant " et travail " bien payé " relèvent de deux univers différents »90.
Désormais, les travailleurs aspirent à une meilleure conciliation entre vie privée
et vie professionnelle. La famille doit pouvoir se construire en même temps que
la carrière. En outre, « les salariés sont de plus en plus exigeants sur les conditions de travail, et non simplement sur la rémunération qui est parfois perçue
comme moins importante. Ils déterminent leur entreprise cible au moment de
l'entrée sur le marché du travail selon différents critères : ambiance, pénibilité
des tâches, charge de travail, horaires, etc. »91. La recherche d'une charge de travail raisonnable peut permettre aux entreprises de réunir ces différents critères.
En conclusion, il est possible d'envisager l'exigence d'une charge de travail
88. V. les propositions en ce sens, infra, nos 523 et s.
89. V. supra, n° 396.
90. Ch. Baudelot & M. Gollac (dir.), Travailler pour être heureux ? Le bonheur et le travail en
France, Paris, Fayard, 2003, pp. 193‑211, spéc. p. 193.
91. R. Petit, « Le développement du couple attractivité-fidélisation des organisations auprès des
jeunes entrants sur le marché du travail : éléments de réponse aux problématiques générationnelles »,
RIMHE 2012, vol. 4, n° 4, p. 3.

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