De l'atomisation de l'audience à sa disparition que pas du tout, alors c'est ce choix qui doit être opéré. Mais c'est aussi pour cela qu'il est indispensable de dénoncer cette dérive de façon globale parce que c'est la seule façon d'espérer la stopper. Ce qui a fait la force des avocats du procès des attentats de janvier 2015, c'est qu'ils étaient plusieurs dizaines à se lever contre la tentation de juger un accusé en son absence et que par ailleurs tout ce que la France compte de chroniqueurs judiciaires était présent dans la salle. Mais la plupart du temps, l'avocat est seul face au tribunal, lui-même écrasé sous les montagnes de dossier, il n'y a donc rien d'autre à faire que de choisir... le moindre mal. Et par l'effet d'une mécanique tragique, voici que magistrats et avocats contribuent à dénaturer un peu plus chaque jour le système judiciaire pour tenter de sauver quotidiennement dans leurs dossiers les dépouilles de l'état de droit. C'est sans doute ce qui devrait nous révolter le plus, ce chantage indigne. La visioconférence est un mode dégradé d'audience Les institutions représentants avocats et magistrats ne désarment pas. C'est ainsi que le Conseil national des barreaux a lancé en 2020 une réflexion sur l'avenir de l'audience. Le rapport publié le 13 novembre consacre de longs développements à la visioconférence. Il conclut à ce sujet « que la majorité des personnes entendues estiment que la visioconférence est un mode dégradé d'audience qu'il faut réserver à des situations exceptionnelles ». 223