Du palais de justice à l'usine à jugements obéissant à une rigueur militaire qui garantit un traitement égal à chaque citoyen. Ce n'est absolument pas le cas des salariés des sociétés de sécurité qui exercent un métier difficile en appliquant des process lors desquels il ne semble pas avoir été prévu de dire bonjour ni de sourire. Le caractère abrutissant de la tâche qui leur est confiée, ou plus exactement de la manière dont on leur demande de l'accomplir, l'interdiction qui leur est faite de sortir du cahier des charges, mènent à des comportements robotisés qui plongent d'entrée de jeu dans ce que l'administration - ce sont pourtant de prestataires privés - peut avoir de plus déprimant. L'automaticité jusqu'à l'absurde. L'indifférenciation, la réception de l'autre comme une menace potentielle. Le traitement sur un mode impersonnel car industriel des visiteurs. Nous voici entrés. Dans le vaste hall éclairé par la lumière naturelle chère à Renzo Piano (sur ce point on ne peut que lui donner raison), le public a accès librement - pour peu qu'il s'y retrouve - aux six premiers étages. Des baies vitrées immenses font éclater la blancheur des murs et du mobilier que ponctuent des boiseries claires et des panneaux rouge sang. « On dirait un centre commercial », est la réflexion qui revient le plus souvent depuis l'ouverture. Et en effet, comme dans un centre commercial, on accède aux étages par des escaliers roulants disposés de part et d'autre de la salle des pas perdus au centre de laquelle trône l'accueil. En fait d'accueil, il s'agit plutôt d'un centre d'information retranché dans un bunker ultra-sécurisé où les 23