La justice en voie de déshumanisation Ce qui pose un nombre impressionnant de problèmes logistiques concernant le mode de mise à disposition, la protection de la vie privée et celle des données personnelles. Il y a une vraie différence en effet entre lire une décision de justice dans une revue juridique et y accéder sur Internet dans le cadre d'une durée illimitée et avec toutes les possibilités offertes par les algorithmes d'analyser et retraiter l'information, la recouper avec d'autres sur les personnes concernées, etc. Le rapport de Loïc Cadiet sur l'open data des décisions de justice5, rédigé à la demande de Jean-Jacques Urvoas alors garde des Sceaux et publié en novembre 2017, cite ainsi une étude du Massachusetts Institute of Technology au terme de laquelle il a été possible de réidentifier les propriétaires de 90 % de cartes bancaires avec seulement les coordonnées géographiques, la date et l'heure des opérations. D'où la nécessité de mener une réflexion de fond sur l'anonymisation des décisions. Au mois de février 2021, la Cour de cassation a annoncé qu'elle prévoyait la mise en open data des décisions de la Cour en septembre 2021 puis la mise en open data des décisions rendues par les chambres civiles, sociales et commerciales des cours d'appel en avril 2022. 5. « L'open data des décisions de justice », janv. 2018. Accessible en ligne sur le site de la Cour de cassation. 262