Hors collection - Financement de la santé et de l'éducation dans un monde en mutation - 104

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Financement du système éducatif : quelles innovations ?
Cette approche a plus d'un mérite : d'abord de soulager le gouvernement
des dépenses colossales que les chantiers de construction et d'entretien des
établissements scolaires représentent, mais aussi soulager le ministère d'une part
extrêmement lourde d'un travail qui, à bien y réfléchir, n'est pas vraiment de son
ressort : la construction, le suivi des chantiers et l'entretien des bâtiments, ce qui
laisserait à ses cadres plus d'opportunité de se consacrer à la gouvernance et au
suivi pédagogique du système éducatif, qui restent leurs réelles attributions.
Mais d'autres modèles existent, qui pourraient venir alimenter le Fonds spécial
pour la promotion du système d'éducation et de formation :
* Le prélèvement sur la contribution libératoire : cette dernière s'adresse aux
personnes domiciliées au Maroc, en infraction avec le règlement fiscal et
de change, au titre d'avoirs immobiliers ou financiers détenus illégalement
à l'étranger. Une première campagne d'amnistie avait rapporté en 2014 la
bagatelle de 2,3 milliards de DH. Une nouvelle amnistie est prévue dans le
PLF 2021.
* La contribution de la diaspora marocaine. Vivement préconisé par la Banque
mondiale et expérimenté avec succès par des pays comme l'Inde et Israël, ce
modèle pourrait apporter un soutien non négligeable au financement de l'éducation
au Maroc, pays qui compte tout de même près de 5 millions d'expatriés.
* Les taxes sur les ressources naturelles : l'exemple du Botswana en la matière
est assez édifiant : ce pays, grâce à l'exploitation de minerais (le diamant en
particulier), finance l'éducation à plus de 8 % de son PIB. Il a ainsi atteint
l'éducation primaire pour tous et son taux brut de scolarisation secondaire est
de plus de 80 %, ce qui représente le double de la moyenne du continent. Le
Ghana dispose d'une loi sur la gestion de ses ressources pétrolières qui oriente
70 % des recettes tirées du pétrole vers les secteurs prioritaires dont l'éducation.
* Enfin on peut également citer les taxes sur les produits financiers ou encore
les micro- donations : mécanisme qui consiste à recueillir à très grande échelle,
sous des formes diverses, des petits montants sur des transactions financières
ou des salaires arrondis, par exemple, à 50 DH.
En résumé, je dirai que le défi que nous relevons, aujourd'hui, de la promotion
continue de la qualité de notre système éducatif et de la mise en œuvre effective
des dispositions de la loi cadre, nécessite un schéma de financement résilient et
innovant, basé sur l'instauration des éléments suivants :
* la territorialisation de la dépense éducative ;
* la mobilisation et la dynamisation du fonds spécial d'appui, notamment par
la recherche de financements innovants ;
* une contribution plus optimisée et plus élargie du secteur privé.
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