Hors collection - Financement de la santé et de l'éducation dans un monde en mutation - 57

Youssef El Fakir
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d'émergence d'une pathologie chez un patient ou un groupe d'individus, de
présager le développement d'une maladie ou simplement de l'anticiper.
Toutefois, on ne pourra pas importer l'IA des pays occidentaux et pratiquer
du « plug and play » ! On peut bien évidemment s'inspirer des process qui ont
contribué à sa mise en place, mais il va falloir la « nationaliser », « la Marocaniser ».
Il faut aussi insister sur le fait que l'intelligence artificielle, contrairement à ce
que pensent beaucoup de médecins, d'acteurs de santé ou d'autres secteurs, n'est
pas une menace pour la médecine humaine. La prise de décision finale devrait
dans tous les cas revenir aux praticiens et aux patients. L'intelligence artificielle
viendra en revanche, et c'est important, rationaliser cette prise de décision en
minimisant les risques d'erreurs.
Les professionnels de santé doivent être sensibilisés aux enjeux de l'intelligence
artificielle. Elle doit être intégrée dans la formation initiale et continue et être
adaptée aux pratiques dans le but de renforcer à la fois les ressources médicales existantes
et de former ce qu'on appelle des médecins « augmentés » capables de gérer
les nouveaux défis de la médecine numérique, ainsi que les transitions digitales.
Il va donc falloir que, au- delà du domaine médical comme dans le domaine de
la formation médicale, on ait un double cursus ; que les médecins apprennent à
connaître l'intelligence artificielle, à la personnaliser, à poser les bonnes questions,
et à l'apprivoiser.
L'idée est de produire de la bonne IA. Au fait l'intelligence artificielle ne produit
que ce qu'on lui donne. Une bonne question avec de bonnes données donneront
de la bonne intelligence artificielle. Une mauvaise donnée ou une mauvaise question
donnera une mauvaise intelligence artificielle.
Donc par définition l'intelligence artificielle n'est pas forcément bonne et
correcte. Elle ne fait que répondre à une problématique donnée. Nous devons
donc apprendre à poser la problématique et l'analyser.
On ne peut pas parler d'intelligence artificielle s'il n'y a pas de base de données,
ce qu'on appelle les Big Data. Les données devraient être digitalisées et les informations
devraient pouvoir circuler, c'est dire l'intérêt de dossiers patients informatisés
(DPI). Or telle qu'est gérée la santé actuellement au Maroc, on ne pourra pas
faire cela ou alors on le fera à l'échelle d'un hôpital, d'un centre de santé ou d'une
clinique.
L'idée, c'est d'avoir un dossier qui, par essence, appartient au patient, lequel
donne lui- même l'autorisation de le partager dans le but d'avoir un diagnostic et
une approche thérapeutique adéquate.
Le dossier patient doit pouvoir être partagé en effet entre tous les prestataires
de soins en charge de la prise en charge du patient, bien sûr dans un cadre éthique
bien défini.

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