Hors collection - Financement de la santé et de l'éducation dans un monde en mutation - 67

Benjamin Ferras
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en sociologie, en sciences politiques et, dans une moindre mesure, en finances
publiques. De fait, la mesure de l'efficacité de la dépense en santé a une dimension
clef. Dans les pays de l'OCDE, les dépenses de santé représentent entre 5 et 15 %
de la richesse nationale, leur efficacité a donc une importance forte : chaque euro
investi l'est- il à bon escient ?
L'approche budgétaire ou financière conduit cependant rapidement, en matière
de santé, à une impasse : la santé, tant individuelle que collective, constitue un bien
supérieur. Selon l'adage couramment usité, elle « n'a pas de prix mais représente un
coût ». Ainsi, il est souvent difficile de mesurer l'utilité économique d'une dépense
en santé du fait de l'absence d'alternative ou de la difficulté à en trouver une ou
encore du fait que l'utilité de la dépense en santé est difficilement comparable
avec l'utilité d'une autre dépense, publique ou privée.
Pour autant, comme la santé est un bien supérieur, elle peut conduire à des
dépenses publiques ou privées importantes voire inconsidérées. La mesure de
son efficacité ou de son utilité est donc un impératif. Elle ne peut emprunter la
seule voie budgétaire ou financière. Elle doit être plurielle et composite. Ainsi, la
croissance inexorable des dépenses publiques de santé, conjuguée à la hausse des
dépenses privées, justifie une forte attention sur le fait que les sommes mobilisées le
sont à bon escient. La notion de coût est ici clef : le champ de la thérapie pertinente
ou la définition du bon système de prise en charge ne peuvent être directement
appréhendés par n'importe quel acteur ; en santé, les asymétries d'information sont
légion ; ce contexte conduit à combiner plusieurs approches scientifiques relevant
des sciences de la nature - sciences médicales, au premier chef - ou des sciences
sociales - économie, droit, politique et sociologie en particulier.
Au- delà, l'approche de l'efficacité de la dépense ou de l'action en santé constitue
un « construit social », qui varie selon les pays considérés, tant en ce qui concerne
leur culture nationale, le type de médecine pratiquée ou encore le niveau d'intervention
des acteurs publics. Par exemple, les pays asiatiques mobilisent fortement
des médecines traditionnelles qui reposent largement sur une démarche préventive.
Ainsi, dans plusieurs pays (régions chinoises en particulier), le rôle du médecin est
de veiller à la bonne santé de son patient : il est rémunéré au forfait pour préserver
cet état de bonne santé. En revanche, si le patient tombe malade, le médecin ne
peut prétendre directement à des émoluments, il soigne sans surcoût en ce que
son rôle est avant tout de prévenir toute maladie. Ces différences d'approche sont
majeures. Elles trouvent également leur écho dans les regards différents posés
sur l'efficacité en santé par les professionnels de santé, les industriels, les acteurs
administratifs ou les chercheurs en économie ou en sociologie par exemple.
Ce construit social renvoie également à l'aspiration à un état de santé qui est
variable selon les pays et populations considérées. La montée en puissance de

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