Hors collection - Financement de la santé et de l'éducation dans un monde en mutation - 68

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Quelle efficacité en matière de dépenses de santé ?
la prise en charge sanitaire conduit à modifier la perception des morts et décès
évitables : le déploiement d'un système de santé conduit ainsi à diminuer fortement
la mortalité infantile ou la mortalité liée à des infections ou des virus (diffusion
des traitements antibiotiques et des vaccins notamment). Au- delà, le déploiement
d'un système de santé conduit de fait à interroger le niveau d'intervention des
acteurs publics : cette interrogation peut intervenir pour le seul champ de la santé
considéré comme devant donner lieu à des « assurances sociales » ou à des systèmes
de socialisation du risque ou se poser d'une manière générale dans le cadre d'une
approche de l'ampleur de l'intervention publique et du type d'État providence
retenu. De ce point de vue, au sein de l'OCDE, il existe une différence nette entre
les pays ayant fait le choix d'approches structurées par le recours au marché en
santé (USA, pays d'Amérique centrale et du Sud notamment) et ceux prévoyant
une large régulation ou intervention publique (Europe en particulier).
La question centrale est donc ici aussi celle du désir d'une prise en charge de
la santé par chaque individu ou dans un cadre socialisé, dimension qui renvoie
directement aux questions d'acceptation, de consentement aux « contributions
communes » et aux « charges publiques » selon les dénominations retenues depuis
1789 (Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen).
Au final, selon le contexte et l'analyste, l'approche de l'efficacité de la dépense
en santé peut radicalement différer. Appréhender ce champ justifie donc de faire
preuve d'une incontournable modestie et de se garder de toute approche péremptoire.
Il faut donc oublier tant Roger Nimier, qui posait que « l'efficacité est la
révolution dirigée par les conservateurs », que Jean- Paul Sartre, qui affirmait : « tous
les moyens sont bons quand ils sont efficaces ».
II - LA (VAINE ?) RECHERCHE D'UNE DÉFINITION CONSENSUELLE
DE L'EFFICACITÉ EN SANTÉ
Le technocrate ou le chercheur en finances publiques vont tendre à faire primer
la question de l'efficacité budgétaire ou financière sur toute autre considération.
Or, cette approche est des plus ardues en ce que l'investissement (ou le sousinvestissement)
en santé produit des effets non immédiats mais de long voire de
très long terme. De plus, l'approche ne peut être assurée pour et par elle- même : la
crise de la Covid-19 a ainsi permis de mesurer le coût économique et financier très
important d'une forte dégradation de la situation sanitaire. La dépense de santé est
donc un investissement nécessaire. Cette dépense a aussi des effets économiques
très puissants : investir dans la santé, c'est faire le choix d'activités économiques non
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