Hors collection - 150 ans de la faculté de droit de Bordeaux, quel héritage doctrinal ? - 168

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Le droit objectif chez Duguit
subjectifs : « il n'est pas question de nier la réalité des droits subjectifs : qui ne les
a entendus crier pour peu qu'on leur ait marché sur les pieds87
? ».
Il nous semble que le grand écart est possible, que la définition du droit objectif
chez Duguit ne s'oppose pas à la conservation des droits subjectifs88
. Sa définition,
en effet, ne porte pas en elle de condamnation des droits subjectifs. C'est bien
plus la définition des droits subjectifs chez Duguit qui l'entraînerait à rejeter la
notion89
Allier ainsi le droit objectif, entendu comme un droit issu des relations au sein
d'une communauté qui recherche son bien, le bien commun, et le droit subjectif
permettrait sans doute de réconcilier les deux grandes traditions à l'origine de
notre culture, les traditions grecques et romaines. « Pour Aristote, le juge est celui
qui rétablit un équilibre dans la communauté. Pour un romain, le juge est celui
qui dit quel est le jus de chacun. L'idée de juste et de justice est pensée à partir
de cette expérience90
au- delà de sa propre pensée91
. » L'héritage de Duguit permettrait de remonter ainsi bien
.
Quoi qu'il en soit, peut- être est- il permis d'espérer, in fine, une mise en avant de
la pensée de Duguit afin que son héritage « demeure encore un ferment fécond »92
,
même cent cinquante ans après la re- création d'une université à laquelle il a su
apporter un prestige certain.
. Mais développer ce point reviendrait à quitter les sentiers de cet article
pour parler du droit subjectif.
87. J. Carbonnier, Droit et passion du droit sous la Ve
République, Flammarion, coll. Champs, 1996,
p. 124.
88. Plus affirmatif encore : L. Le Fur, op. cit., p. 194 : « reconnaître l'existence d'un droit objectif et
rejeter celle d'un droit subjectif, cela ne se comprend pas, puisque le droit objectif admis, il en découle
nécessairement les droits subjectifs des individus et des groupes ».
89. Voir les propos de G. Marty, P. Raynaud, Introduction générale à l'étude du droit, 2e
éd., Sirey, 1972,
n° 137. Adde. J.-J. Clère, préc., p. 266 et s. qui met en avant les problèmes de terminologie et l'incompréhension
relative des privatistes et des publicistes sur les termes du débat relatif au droit subjectif : « ce qui
sépare Duguit des civilistes est une différence de terminologie. Duguit prend l'expression droit subjectif
en un sens qu'il est seul à lui attribuer, bien qu'il pense le contraire. Lorsqu'il rejette le droit subjectif, il
est au fond en accord avec les civilistes, car le droit subjectif tel qu'il l'entend est parfaitement étranger
aux conceptions civilistes » (p. 267). Voir encore L. Le Fur, « Le fondement du droit dans la doctrine de
Duguit », APD 1932, p. 175 et s., spéc. p. 181 et s.
90. L. Sentis, De l'utilité des vertus. Éthique et alliance, Beauchesne, 2004, p. 145.
91. Ce qu'invite du reste à faire L. Le Fur, art. préc. Adde. M. Réglade, art. préc., p. 23.
92. F. Gény, art. préc., n° 7, p. 794.
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