Hors collection - 150 ans de la faculté de droit de Bordeaux, quel héritage doctrinal ? - 24

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Jean Derruppé : doctrine et pratique
Jean Derruppé ne fera aucun cadeau sur le terrain des exigences attendues pour la
validation d'un propos de nature scientifique et, s'il poursuit l'objectif d'en retirer
les aspects les plus concrets pour la pratique professionnelle, ce ne sera jamais au
prix d'approximations sur le terrain fondamental.
Incontestablement, dès lors que l'on retient des critères reposant sur l'importance
doctrinale des travaux, la notoriété acquise au sein du monde juridique et
l'impact sur la pratique professionnelle, Jean Derruppé doit être retenu parmi les
plus grandes figures de la faculté de droit de Bordeaux.
Issu d'une famille liée au notariat (il fut arrière- petit- fils, petit- fils, fils et frère
de notaires), il avait très tôt intégré cette évidence selon laquelle il ne peut y avoir
une pratique professionnelle sécurisée que si elle s'appuie sur une analyse doctrinale
rigoureuse. Le domaine de ses investigations dans le périmètre du droit privé s'avère
assez large, puisque si l'on retient la dénomination de « droit commercial », telle
qu'elle figurait dans le décret du 15 décembre 1870 au titre des chaires instituées
au sein de la faculté de droit de Bordeaux et qui est demeurée usuelle jusqu'aux
cinq décennies couvertes par l'auteur, il n'y a guère de sous- branches de cette
discipline qui n'ait pas été explorée par Jean Derruppé. Le statut du commerçant,
comme le régime juridique des actes de commerce, du fonds de commerce ou du
bail commercial portent son empreinte, notamment par la chronique d'actualité
assurée pour la Revue trimestrielle de droit commercial ou sa décisive contribution
à un ouvrage de référence sur les baux commerciaux3
que les spécialistes actuels se
surprennent encore à devoir consulter, alors même que de nombreuses réformes et
évolutions jurisprudentielles ont marqué ce domaine du droit privé. Le droit des
sociétés apparaît sans doute comme devant être retenu au titre d'une contribution
qui, non seulement, a marqué l'époque de ses publications mais qui demeure le
périmètre au sein duquel son apport doctrinal demeure le plus visible puisque les
analyses qu'il a pu établir se doivent d'être prises en compte, au- delà des théoriciens
et praticiens du droit des sociétés, lorsque sont en jeu, notamment, des questions
de droit des régimes matrimoniaux ou des successions.
Dans le cadre de la présente étude, les auteurs, qui ont, ensemble et séparément,
profité au plus près des enseignements de Jean Derruppé, tant à l'université qu'au
Cridon, ont effectué un difficile choix au sein d'une œuvre aussi riche et, pour tenter
de demeurer dans le sillage de l'auteur, ont privilégié des domaines qui illustrent
au mieux cette double caractéristique, qui constitue la marque de fabrique, comme
évoquée précédemment, à savoir l'exigence d'une analyse sur le terrain fondamental
des qualifications et des classifications du droit guidée par le souci de résoudre des
questions d'ordre pratique.
3. J. Derruppé, R. Maus, G. Brière de l'Isle, P. Lafarge, Baux commerciaux, Dalloz, 1979.
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