Hors collection - 150 ans de la faculté de droit de Bordeaux, quel héritage doctrinal ? - 68

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Henri Vizioz et l'épanouissement de la procédure civile
d'une mission aux Antilles dans la nuit du 31 juillet 1948, dans l'accident du
Latécoère 631 qui le ramenait vers Bordeaux en compagnie du professeur d'histoire
du droit Antoine Bernard6
. En 28 années de carrière, il marqua la faculté de
droit tant il fut apprécié de ses collègues et de ses étudiants pour « ses qualités de
droiture, de dévouement et de désintéressement absolu »7
.
Il fut un bâtisseur et un rénovateur de la procédure civile et apporta ainsi une
pierre essentielle à la construction de cette discipline. En occupant une chaire
d'État de procédure civile du 18 mars 1920 au 31 juillet 1948, il œuvra aussi au
rayonnement et à la diffusion des savoirs spécialement en sa qualité de doyen de
1944 à son décès. C'est sous son administration que furent possibles l'ouverture
de l'Institut d'études politiques de Bordeaux et la création de l'Institut d'études
juridiques et économiques de Pau. Non content de développer le prestige de
l'enseignement à Bordeaux et dans le Sud- Ouest, il participa aussi au renouveau
de l'ancienne École de droit de la Martinique à Fort- de- France au moyen de
multiples missions aux Antilles8
.
Vizioz et la rénovation de la procédure civile. - Vizioz est perçu comme
un rénovateur pour la procédure civile ce qui est lourd de sens quand on se
replace au premier tiers du xxe
siècle. À l'époque, cette discipline est déconsidérée.
Purement formaliste, peu propice au raisonnement juridique et à la conceptualisation,
beaucoup délaissent ce champ d'étude. Au contraire, Vizioz prend acte
de cette défaveur persistante pour la procédure civile et, dans ses différents écrits,
en recherche les causes afin de remédier à ce mal. Il contribue ainsi à faire de
cette matière ce qu'elle est aujourd'hui alors pourtant que la procédure n'est pas
sa spécialité d'origine. Vizioz a en effet développé sa recherche d'abord dans le
champ du droit des obligations avec une thèse sur La notion de quasi- contrat, étude
6. Vizioz fit ainsi partie des 52 personnes dont 40 passagers qui perdirent la vie dans l'océan Atlantique
à 1 200 milles marins à l'ouest de Dakar à bord de cet hydravion transatlantique civil, fleuron de l'industrie
Latécoère, qui devait relier Fort- de- France à Port- Étienne (Mauritanie). Le long contentieux mené
par les ayants droit du doyen Vizioz pour leur indemnisation au titre de victimes permit d'affirmer, en
1953, la soumission du transporteur aérien à l'obligation de sécurité, niée jusque- là par la loi française
du 31 mai 1924 qui l'exemptait de cette obligation, au motif que l'aviation était par nature porteuse de
périls et que le passager devait partager le risque avec le transporteur. Bien malgré lui, il contribua ainsi
à la naissance du droit du transport aérien dont la tradition est aujourd'hui perpétuée à Bordeaux avec
le Pr. Loïc Grard. V. L. Grard, « Le droit aérien, une spécialité bordelaise », Le magazine de l'université
de Bordeaux, mai 2017, p. 20.
7. Selon les termes de la plaque commémorative placée dans le hall d'entrée des locaux de la faculté
de droit, 35 place Pey Berland.
8. L'Institut d'études juridiques, politiques et économiques de Fort- de- France porte d'ailleurs le nom
d'Institut Henri Vizioz selon le décret du 10 novembre 1950 paru au JORF du 14 novembre 1950,
p. 11596. V. depuis, H. Perret, « L'Institut Henri Vizioz et le développement de l'institution universitaire
aux Antilles- Guyane françaises », in Mélanges offerts à André Garrigou- Lagrange, 1974, pp. 253-261.
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