Hors collection - 150 ans de la faculté de droit de Bordeaux, quel héritage doctrinal ? - 97

Bertrand Maumont
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techniques »14
propres à l'acte juridique, tous ont, à leur manière et suivant leur
sensibilité propre, construit des « théories générales » relatives à l'acte juridique.
Julien Bonnecase appartient à cette génération de bâtisseurs. Natif du Béarn, il
fait ses études à Toulouse où il suit les enseignements de Maurice Hauriou. Après
son doctorat15
, il est reçu au concours de l'agrégation de 1908 et rejoint Bordeaux
en 1913. La même année le doyen Baudry- Lacantinerie décède, laissant derrière
lui son Traité théorique et pratique de droit civil, soit une œuvre considérable de
26 volumes. Bonnecase accepte alors de compléter et de « mettre au courant » le
traité, sans doute parce qu'il représente le « vieux style » à abolir16
. Il fera publier,
entre 1924 et 1935, un « Supplément » en 6 volumes bouleversant dans la méthode
et l'esprit l'œuvre à laquelle il se rapporte17
. Le Tome II du Supplément consacre
ainsi des développements substantiels à la théorie générale de l'acte juridique et
du fait juridique.
La manière dont Bonnecase a vécu le droit durant ses trente ans de carrière18
explique en grande partie l'originalité de l'ouvrage. À Pey- Berland, où il enseigne
le droit maritime et le droit civil, les étudiants apprécient la clarté de ses analyses et
son exposé vivant du droit positif19
juridiques au sein des facultés de droit20
se trouve situé, selon ses mots, « l'hôpital des maladies juridiques »21
. Celui qui plaide pour la création de cliniques
enseigne le regard tourné vers le Palais où
. Le Supplément,
en conséquence, accorde une place importante à la jurisprudence, en présentant
parfois très en détail les étapes de son évolution. Bonnecase est aussi un homme
de controverses, n'hésitant pas à affirmer sa conviction, au risque de s'attirer
certaines inimitiés comme celle du doyen de la faculté, Léon Duguit, avec lequel il
aura bien des mots22
suffisamment pour former le terreau fertile de débats houleux23
. Si tout ne sépare pas les deux hommes, leurs idées divergent
. Leur conflit est
14. É. Savaux, La théorie générale du contrat, mythe ou réalité ?, LGDJ, 1997, n° 370, p. 264.
15. Il soutient deux thèses : La faillite virtuelle, étude de Jurisprudence, Toulouse, V. Rivière, 1904. Le
féminisme et le régime dotal, Toulouse, V. Rivière, 1905.
16. Ph. Remy, op. cit.
17. En ce sens, J. Carbonnier, Droit civil, t. 1, PUF, 2004, p. 293.
18. Sur la fin de sa carrière, l'« affaire Bonnecase », v. M. Malherbe, La faculté de droit de Bordeaux
(1870-1970), Presses universitaires de Bordeaux, 1996, p. 157-160.
19. J. Brethe de la Gressaye, op. cit.
20. J. Bonnecase, L'enseignement de la clinique juridique et les facultés de droit. L'Institut clinique de
jurisprudence : Revue de droit, de législation et de jurisprudence, 1931, p. 62. V. sur l'apport de Julien
Bonnecase : N. Olszak, « La professionnalisation des études de droit », D. 2005, p. 1172.
21. J. Bonnecase, « Qu'est- ce qu'une Faculté de Droit ? », in Complément de monographie : Introduction
à l'étude du Droit, Paris, Sirey, 1929, p. 186.
22. M. Malherbe, op. cit., p. 153.
23. J. Brethe de la Gressaye, « Un conflit doctrinal à la Faculté de Droit de Bordeaux : Bonnecase
contre Duguit », in Annales de la Faculté de Droit de l'Université de Bordeaux, 1963, n° 1-2, p. 3 à 12.
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