CHAPITRE 2 Lescorrectifsexceptionnels du principe de la légalité 273. Il peut se faire que le respect de la légalité constitue une entrave àl'action administrative telle qu'elle affecte le bon exercice de celle-ci dans l'intérêt général. Sans doute le pouvoir discrétionnaire - qui est un élément constitutif et permanent de l'acte administratif - permet-il, dans les domaines de compétence où il joue, d'atténuer cette gêne. Cependant il a paru que des correctifs d'une autre nature devaient pouvoir être occasionnellement apportés au strict respect de la légalité administrative. Les deux correctifs essentiels résultent, d'une part, de la théorie des circonstances exceptionnelles,d'autre part, de la théorie des actes de gouvernement. Ces deux constructions jurisprudentielles et doctrinales tendent l'une et l'autre à libérer l'administration, au nom de l'intérêt général qui s'attache à la bonne fin de son action, des limites auxquelles se heurterait celle-ci par application stricte des règles de la légalité administrative normale. C'est là leur seul trait commun, car elles sont par ailleurs de nature et de signification juridique foncièrement différentes. Section 1 Théorie des circonstances exceptionnelles §1. Analyse 274. La théorie dite des circonstances exceptionnelles est une création de la jurisprudence du conseil d'État. Celle-ci a admis que les limites normales de la légalité administrative puissent se trouver reculées lorsque certaines circonstances reconnues comme exceptionnelles exigent une plus grande liberté d'action de l'administration. Aux règles que la stricte légalité administrative impose aux agents administratifs dans l'exercice 151