SOUS-TITRE I UNE SOURCE D'OBLIGATION AU CHAMP D'APPLICATION INCERTAIN 215. Le rattachement aux quasi-contrats à l'origine des difficultés. L'enrichissement injustifié, entendu comme le fondement des quasi-contrats, devait apporter une unité et une cohérence à cette source d'obligation alors en perte de vitesse. Idéalement, ce nouveau fondement devait délimiter les quasi-contrats en permettant d'anticiper les cas où il serait possible de reconnaître un quasi-contrat. L'objectif n'a pas été atteint, loin s'en faut, et il est aujourd'hui toujours aussi difficile de cerner l'étendue des quasi-contrats, mais aussi de l'enrichissement injustifié. Comment expliquer ce résultat ? Pour mieux comprendre comment le droit français a pu en arriver là, il faut retracer l'évolution des quasi-contrats et de l'enrichissement injustifié depuis 1804. Cette évolution met à mal le postulat selon lequel l'enrichissement injustifié serait au fondement de tout quasi-contrat et montre que cette affirmation n'a rien de naturelle et repose sur certaines confusions. Elle montre également qu'il existe un décalage important entre la doctrine, qui estime que tout quasi-contrat est fondé sur l'enrichissement injustifié, et la jurisprudence qui ne restreint pas les quasi-contrats à cette idée. Il en résulte qu'il est particulièrement délicat de cerner les contours de cette source d'obligation. Les relations particulièrement complexes qu'entretiennent l'enrichissement injustifié avec les quasi-contrats (Chapitre 1) éclairent ainsi le décalage qui peut exister entre le discours doctrinal et la pratique jurisprudentielle (Chapitre 2).