Hors collection - La principauté de Monaco - 2e - 33

Le sens d'une histoire : la conquête de l'indépendance et de la souveraineté 23
tirant aussi la leçon des abus de pouvoir auxquels s'était livré son Ministre d'État
Émile Flach pendant la période de suspension. La conduite des relations internationales
revient au Prince, la justice - dont la responsabilité incombait depuis 1911
au Ministre d'État - est séparée de l'exécutif et confiée à un Directeur de services
judiciaires, équivalent du Ministre de la Justice. Il préside désormais le Conseil
d'État, tandis que le Conseil de Gouvernement retrouve une dimension collégiale.
Un seul Conseil municipal est établi pour les trois communes. Le Conseil National
passe de 21 à 12 membres élus non plus au suffrage universel direct, mais indirect,
par un collège électoral composé de 30 Grands Électeurs élus au suffrage direct,
dont 9 élus par le Conseil communal, sachant que lors des élections de 1918, le
corps électoral compte 627 électeurs inscrits...
Le problème de la succession et le Traité de 1918
Le Prince s'était marié à Mary Victoria Douglas Hamilton, aristocrate écossaise,
mais de sang maternel allemand. De cette union est né en 1870 un fils,
Louis. En 1880, ce mariage est annulé par Rome. Le Prince épouse en secondes
noces, en 1889, une Américaine d'origine allemande, Alice Heine, veuve du Duc
de Richelieu, qui mettra à profit ses relations mondaines pour attirer le gotha
européen à Monaco. Les époux se sépareront en 1902. En cas de disparition de
l'unique héritier direct, Louis II, qui est aussi officier d'active, le trône tomberait
dans les mains d'un Prince allemand - la sœur d'Albert Ier
ayant épousé en 1863
le Prince Guillaume de Wurtemberg, Duc d'Urach. Pour parer à cette situation,
est signé en juillet 1918 un « Traité d'amitié protectrice », faisant partie du Traité
de Versailles. Ce traité secret prévoit que, pour être Prince de Monaco, il faut être
français ou monégasque. Et « en cas de vacance de la Couronne, notamment faute
d'héritiers directs ou adoptifs, le territoire monégasque formera, sous le protectorat de
la France, un État autonome, sous le nom d'État de Monaco ». Louis II de Monaco
« adopte » alors en 1919 sa fille naturelle, Charlotte, pour la rendre dynaste. En
1920, elle épouse Pierre, Comte de Polignac, issu d'une grande famille française.
Il devient Grimaldi la veille de leur mariage. De cette union naîtra, en 1920, la
Princesse Antoinette et, en 1923, le futur Prince Rainier III. L'avenir de la dynastie
et l'amitié avec la France sont ainsi assurés. Ce Traité d'amitié est complété par
la Convention du 28 juillet 1930, relative à la coopération administrative entre
la République française et la Principauté de Monaco. Elle réserve les hauts postes
gouvernementaux et administratifs monégasques à des ressortissants français.

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