Hors collection - La principauté de Monaco - 2e - 39

Le sens d'une histoire : la conquête de l'indépendance et de la souveraineté 29
après son retrait (il est nommé à l'UNESCO), par Joseph Simon en 1954, alors
que l'ancienne « majorité » est pour l'essentiel reconduite cette année- là.
Ce sont les difficultés d'une banque privée qui vont déclencher une crise politique.
En juin 1955, on découvre - le Prince lui- même - que la Banque des
Métaux Précieux a été soutenue par des fonds publics prélevés sur le fonds de
réserve constitutionnel qui, à l'époque, n'était pas autonome mais confondu avec
le Trésor. Il s'agit alors d'un somme considérable pour l'époque : 900 millions,
soit la moitié des réserves de l'État. Sauf nouveau renflouement, la banque risque
la faillite. Le Prince sollicite donc une avance de 250 millions au Conseil National
qui accepte, sous réserve que soient établies les responsabilités. Le 8 juillet, le Prince
Rainier révoque son Directeur de cabinet, son conseiller de gouvernement pour les
Finances, ainsi que son conseiller privé, à l'origine de ces opérations financières.
Puis, un mois plus tard, il se ravise et les rappelle, provoquant la démission de
13 conseillers nationaux sur 21. Dans un message radiodiffusé du 10 octobre
1955, le Prince Rainier se déclare favorable « à améliorer ensemble [les institutions],
dans le cadre des traités, mais, ajoute-t-il, je suis opposé à toute confusion dangereuse
des pouvoirs ».
À la suite de cette crise, les élections communales du 6 novembre 1955 prennent
un tour très politique et dès le premier tour, la liste du Maire sortant conduite par
Charles Palmero, dévoué au Prince, est battue, au point qu'à la veille du second
tour, le Prince Rainier, fait exceptionnel, s'adresse à ses compatriotes dans un
discours radiodiffusé : « Toute la campagne électorale a été faite sur un terrain qui ne
concerne en rien, ni les intérêts de la commune, ni de sa gestion [...]. Certains interprètent
le dernier scrutin comme une manifestation de votre opposition à la politique
que j'ai suivie au cours de la crise dernière, et ce en me faisant effusion des déclarations
d'attachement et de loyalisme. » Le second tour voit malgré tout triompher la liste
d'« Action communale » dénonçant sur ses affiches « la politique de faiblesse et
d'abandon des droits des Monégasques, des prérogatives des Assemblées qui les représentent
politiquement, enfin des violations des Lois et Règlements »... Immédiatement
après, ont lieu le 27 novembre des élections partielles au Conseil National, suite
à des démissions : la liste conduite par Louis Aureglia - de retour dans le jeu
politique - emporte 11 des 13 sièges vacants. Il est élu à l'unanimité Président
de l'Assemblée, laquelle veut s'atteler à la réforme constitutionnelle. Le Prince
Rainier charge alors le 3 décembre 1955, le Conseil de la Couronne d'élaborer
un projet de nouvelle Constitution. Sa composition est remaniée pour faire entrer
de nouveaux membres du Conseil National, dont son Président. À la veille des
élections du 19 janvier 1958, aucune réforme n'est engagée.
Le 14 février 1958, l'Assemblée nouvellement élue vote une motion indiquant
notamment que « l'Assemblée [est] pénétrée de l'importance, du nombre et de l'urgence

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