Hors collection - Les grands défis des finances publiques du XXIe siècle au Maroc et en France - 107

Jean- Baptiste Blanc
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comme le Niger ou le Tchad de disposer de taux de fécondité de l'ordre de
six enfants par femme.
* Si la démographie est une tendance longue, et qu'une action publique sur ce
sujet ne produit d'effets qu'à long terme, la transition démographique n'est
néanmoins par un processus linéaire ni automatique. La possibilité d'une
contre- transition démographique est réelle, et observée dans certains pays qui
voient leur taux de natalité augmenter de nouveau après une baisse, ce qui
complexifie la mise en œuvre de politiques publiques à même de tirer profit
du dividende démographique en planifiant et pilotant la transition. Un pays
comme l'Égypte vient de franchir le seuil des 100 millions d'habitants, soit
une population triplée en trente ans, avec un taux de fécondité qui a retrouvé
un niveau de 3,5 enfants par femme à partir de 2014, après avoir chuté de 5,3
en 1980 à trois en 2008. On observe un phénomène comparable en Algérie.
Devant l'ampleur du défi démographique, les finances publiques doivent être
mobilisées au service de l'investissement pour assurer un appariement entre les
nouveaux entrants sur le marché du travail et l'offre d'emploi.
* La maîtrise de la transition démographique, nécessaire au bénéfice du dividende
démographique, doit mobiliser les finances publiques au service de
l'investissement. Une note du Trésor2
sur ce thème, datée de 2019, insiste sur
la nécessité d'investir dans l'éducation des filles, le nombre d'enfants par femme
tendant à diminuer mécaniquement avec la hausse de leur niveau d'instruction
(Shapiro, 2017). Le renforcement du système de protection sociale (assurancechômage,
assurance- vieillesse) est également une nécessité afin de permettre
de sortir du paradigme qui fait reposer la solidarité intergénérationnelle sur la
cellule familiale, et perpétue ainsi l'habitude d'une forte natalité.
* L'insertion des jeunes actifs dans l'emploi passe par le développement de
filières adaptées au niveau de formation de ces nouveaux flux d'actifs, afin
de matérialiser le dividende démographique. Il n'y a en effet aucun pilotage
automatique qui permette d'améliorer l'insertion des jeunes actifs dans l'emploi
par la seule élévation de leur niveau de qualification : encore faut- il que
ces derniers trouvent des débouchés, ce qui implique une diversification des
systèmes productifs de certains pays souvent cantonnés à l'économie de rente, à
l'instar de l'Algérie3
. Favoriser l'appariement entre populations nouvelles dans
l'activité dans un contexte de transition démographique, et nouveaux secteurs
porteurs intensifs en main- d'œuvre (numérisation, logistique) est ainsi un effort
2. « La transition démographique en Afrique subsaharienne », Trésor- éco, août 2019.
3. Ahmed Ameur Ameur, « Le dividende démographique et l'emploi des jeunes : la politique de
l'Algérie et la promotion de l'emploi ».

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