Hors collection - Les grands défis des finances publiques du XXIe siècle au Maroc et en France - 22

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Rapport introductif
leur modèle, les conséquences seront plus ou moins graves et les réponses apportées
plus ou moins efficaces. Les chocs, se sont en effet démultipliés ces dernières
années. Ils sont plus variés, plus fréquents, plus nombreux qu'auparavant et plus
dangereux. Ce ne sont pas seulement des chocs économiques ou financiers ni
même sanitaires, comme la Covid 19, qui nous menacent. Il y aura d'autres chocs
qui vont se combiner entre eux et dont certains sont déjà là à l'état naissant.
Ces défis, ces chocs, je ne ferai qu'en énumérer quelques- uns ici, car je les ai
déjà évoqués à plusieurs reprises devant vous et ailleurs.
Je pense par exemple au réchauffement climatique, à la submersion de certains
territoires, aux mouvements de populations liés à de multiples causes, au choc
démographique, à la fracture sociale, mais aussi aux fractures territoriales, aux
transformations des modes de travail avec l'IA. Autant de chocs qui vont peser
sur les dépenses publiques et nécessiter la mise en œuvre de beaucoup de moyens
matériels et humains. Il faut et il faudra trouver les financements nécessaires.
Or, la source essentielle de ces financements, l'impôt, est elle- même affectée de
manière redoutable par l'évolution générale de nos sociétés. En effet, d'une part, les
contribuables cessent de concevoir l'impôt comme la participation à la réalisation
du bien commun, de l'intérêt général, ce qui engendre un effritement du consentement
à l'impôt. D'autre part, les États perdent des sommes phénoménales en
raison de l'évasion fiscale pratiquée par les entreprises du numérique, comme les
GAFAM. L'économie numérique combinée à la mondialisation menace la fiscalité
des États qui ne disposent pas aujourd'hui des moyens adéquats pour juguler
ce phénomène. Par ailleurs, il se pourrait bien qu'à partir de 2003 se déclenche
un nouveau choc économique sous la forme d'un processus de déséquilibrage de
l'économie dans certaines régions du monde. Il se pourrait notamment que se
produise un décalage entre les politiques budgétaires et monétaires américaines
et européennes susceptibles, par effet systémique, de provoquer des déséquilibres
en d'autres points de la planète.
En effet, l'UE devrait adopter une politique budgétairement plus austère ; c'est
ce que demande la Commission, ainsi que certains pays qui en sont membres,
comme la France dont le solde budgétaire primaire non lié aux évolutions de
la conjoncture est actuellement prévu avec un déficit de 3,6 % pour 2022 et
de 1 % pour 2027, et avec pour conséquences une baisse radicale des dépenses
publiques. Or, de l'autre côté de l'Atlantique, les USA s'engagent dans une politique
inverse, une politique de croissance des dépenses publiques, avec un plan
de 3 500 milliards de dollars sur dix ans, ainsi qu'une augmentation des impôts
et de l'endettement pour le financer. Il faut encore ajouter que la Banque centrale
européenne a annoncé le 9 septembre dernier qu'elle limitera le quantitative easing
à partir de 2022, ce qui, combiné à une montée de l'inflation, pourrait à terme,

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