Hors collection - Les grands défis des finances publiques du XXIe siècle au Maroc et en France - 28

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Rapport introductif
B. Une coordination des décisions financières publiques
Une coordination des décisions financières publiques implique en premier lieu
que l'on ne continue plus à penser les finances publiques à travers un seul et unique
prisme, qu'il soit économique ou juridique comme c'est trop souvent le cas. Parce
qu'elles répondent à des logiques diverses, la façon de les approcher doit elle- même
être diverse ; il nous faut changer de paradigme et rompre avec une logique d'exclusion,
qui ne reconnaît pas, et a fortiori ne les institutionnalise pas, les multiples
interactions et la multirationalité qui les caractérisent. Une telle attitude conduit à
des analyses qui ne peuvent qu'être partielles engendrant des décisions faussement
rationnelles. Finalement, l'empirisme prédomine alors que la complexité des sociétés
n'a jamais été aussi grande.
Nous continuons à penser les problèmes séparément et à proposer des solutions
également séparées. Du coup, la réflexion sur les institutions ne traduit pas la
complexité de la réalité ; elle n'en identifie qu'un aspect sans le situer dans la dynamique
complexe à laquelle il appartient. Il en résulte que les solutions apportées ne
reflètent en rien cette complexité et il ne peut alors y avoir de vue stratégique, car
les réponses se font au coup par coup. Elles ne permettent pas par conséquent de
construire un modèle financier public régulable.
Si l'on accepte l'approche qui vient d'être évoquée, elle permet non seulement
d'identifier qu'il existe une solidarité objective entre les acteurs et les structures
concernées, mais qu'il est par ailleurs parfaitement logique d'incarner celle- ci dans
des institutions qui en soient le reflet. Nous sommes dans un système à risques
multiples qui nécessite une démultiplication des lieux de réponses, de décision,
on l'a dit, mais aussi, c'est indispensable, une coordination entre ces lieux, ce qui
implique de reconstruire le processus de décision en amont du processus de gestion.
Or, on peut constater qu'il existe aujourd'hui une mosaïque de pouvoirs
économiques, politiques, sociaux qui n'ont aucune institution pour se retrouver, se
concerter et définir des solutions communes permettant de répondre aux crises, mais
surtout de former un modèle de gouvernance correspondant à la complexité et à
l'incertitude dues à la multiplicité des acteurs et de leurs interrelations. Or, si une
variété d'acteurs est source d'efficacité elle peut aussi s'avérer complètement stérile
lorsqu'il n'existe pas une unité d'action ; l'affrontement des divers intérêts peut
même générer une paralysie totale d'un système. Il ne s'agit donc pas de laisser se
développer à l'infini des réseaux de pouvoirs autonomes, horizontaux, et finalement
une néo- féodalité. La voie est donc étroite, car elle ne peut que se formaliser dans
un système transversal associant unité et diversité.
Et c'est bien dans une absence de pilotage global que se dessine actuellement
le futur des sociétés contemporaines, et cela tout particulièrement à l'échelle
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