Hors collection - Les grands défis des finances publiques du XXIe siècle au Maroc et en France - 68

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Quelle stratégie pour le financement de la santé ?
et un médecin/1 650 ha). Par ailleurs, le renouvellement partiel de 1 225 départs
en retraite en 2012 et 1 700 en 2022 des médecins du secteur public aggravera le
déficit et accentuera l'inéquité dans l'accès aux services de santé.
Quatrièmement, l'État n'a pu imposer au secteur privé un parcours de soins
pour l'utilisateur ou une régulation de l'accès par les prix, car ces derniers restent
libres et non soumis au contrôle. Bien plus, le secteur privé est aujourd'hui l'acteur
majeur dans plusieurs services de santé (laboratoires, explorations par imagerie,
hémodialyse, chirurgie cardiaque, etc.), le principal bénéficiaire des flux financiers
des organismes tiers payants (90 % des remboursements) dans le cadre des
assurances privées, de l'AMO et même du RAMED et un employeur non déclaré
(officieux) de la majorité des professionnels de santé (surtout infirmiers) fonctionnaires
de l'État. Les hôpitaux non seulement ne peuvent assurer les demandes de
soins, mais ils permettent au privé d'utiliser les ressources humaines, contribuant
ainsi à ce que l'on peut appeler « la double peine ».
Cinquièmement, les contraintes du financement viennent également de l'inéquité
du système de santé dans la répartition des ressources sur le territoire,
puisque 80 % des lits d'hospitalisation sont dans le secteur public (en réalité,
48 % sont utilisés) ; 65 % des médecins sont répartis sur cinq villes ; 56 % de
la capacité de diagnostic biologique ou radiologique se trouve dans deux villes,
Casablanca et Rabat ; 95 % des pharmacies et 90 % des cabinets dentaires sont
dans le secteur privé ; 90 % des unités de soins ambulatoires médicaux sont dans
le secteur privé. Ces contraintes expliquent les distorsions entre la demande et
l'offre avec une inégalité interrégionale dans les dépenses en santé (voir les DTS
par région).
II - FINANCER ET ENSUITE RÉFORMER,
OU RÉFORMER ET ENSUITE FINANCER ?
C'est l'histoire de l'œuf et de la poule. D'emblée, j'affirme que l'enjeu majeur
du système de santé marocain n'est pas lié à une augmentation du budget de la
santé (important certes) mais plutôt à la répartition équitable des crédits, à la
gouvernance et la performance du système dans ses diverses dimensions : accès
équitable des citoyens, infrastructures disponibles, moyens et ressources mobilisables
et modèle de financement.
Le système national de santé au Maroc est structuré en trois secteurs dont
l'accès n'est pas déterminé par le type de maladie ou le parcours de soins, mais
par la capacité de financement du citoyen. Schématiquement, une personne

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