Revue du droit public et de la science politique en France et à l'étranger n°1-2023 - 256

Benoît Plessix, Le droit public en compendium, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2022
Tous les universitaires s'interrogent sur leurs objets d'étude. Quelques-uns
seulement le font sur leur discipline. Ils sont dans des positions inégales à
cet égard. Dans certains domaines du savoir - à l'image de la science politique
-, la nécessité de se faire une place à la rencontre de matières plus
anciennes invite à revenir périodiquement sur sa raison d'être, ses méthodes
et sa légitimité. Ailleurs, dans des disciplines plus anciennes, la perpétuation
de certitudes constitue, pour la pensée, un aiguillon autant qu'une faiblesse.
Trop de doutes d'un côté ; trop peu de l'autre. Les disciplines juridiques
ont pour elles de s'inscrire dans le temps long, de puiser aux sources du
droit romain, d'apparaître comme l'une des principales matrices permettant
d'appréhender le fonctionnement du monde. Ainsi comprend-on qu'elles
relèvent de la seconde catégorie. Cela les soumet au risque d'une léthargie
épistémologique : on ne doute pas assez, en droit, des évidences immémoriales.
Sous cette lumière, on ne peut que se réjouir que Benoît Plessix, professeur
à l'Université Paris 2 Panthéon-Assas, fin connaisseur des subtilités
du droit administratif même s'il n'y limite pas ses curiosités, ait réagi à ce
mouvement en s'interrogeant sur l'identité et les propriétés du droit public
- question ancienne, toujours stimulante.
La collection « Que sais-je ? » des Presses universitaires de France avait déjà
accueilli les réflexions de plusieurs professeurs de droit public. Familiers aux
étudiants sont, en particulier, le Droit constitutionnel de Denis Baranger (1)
et le Droit administratif de Prosper Weil et Dominique Pouyaud (2). À leur
côté, le Droit public de Benoît Plessix trouvera aisément sa place. Le format
de ces ouvrages influence la plume de leurs auteurs. En 128 pages, il
leur faut résoudre une tension entre deux exigences. La clarté, d'abord, est
une condition dictée par le public auquel ils s'adressent : le jargon disciplinaire
n'y a pas sa place. La densité, ensuite, est imposée par l'ampleur de tels
sujets : puisqu'il est impossible d'être exhaustif, des choix et certaines simplifications
s'imposent. L'exercice, dès lors, est redoutable. Il faut naviguer
entre deux écueils : la description simple - qui rendrait l'ouvrage plat pour les
spécialistes - et les allusions trop rapides - qui rendraient l'ouvrage illisible
pour les néophytes.
La façon dont l'auteur s'acquitte de cette tâche épineuse ne pourra que
séduire ceux qui souhaitent se faire une première idée de ce pan du droit. Elle
présente, en outre, un intérêt certain pour la doctrine - quoiqu'il faille parfois
rechercher les prises de position doctrinales dans les interstices d'inévitables
descriptions. Pour rendre justice à l'ouvrage, il convient de le présenter avant
de l'évaluer.
(1) Baranger D., Le droit constitutionnel (2002), 7e
(2) Weil P., Le droit administratif (1964), 26e
REVUE DU DROIT PUBLIC - N° 1-2023
éd., 2017, PUF, Que sais-je ?
éd., 2021, PUF, Que sais-je ?

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