Revue du droit public et de la science politique en France et à l'étranger n°1-2023 - 53

DOSSIER - LES POLITIQUES PUBLIQUES : UN CHOIX LIBANAIS ?
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Cette situation a déjà été évoquée dans le cadre d'une enquête menée par
la Commission épiscopale des écoles catholiques au Liban en 1994. Antoine
Messara, sociologue et écrivain libanais, relève plusieurs observations dans le
cadre de cette étude (4) : la monotonie des manuels scolaires tant au niveau de la
méthode que du contenu, la conformité au programme officiel afin de garantir la
réussite aux examens officiels, le camouflage des vérités et leur découverte par
l'élève hors du manuel, insistance sur la mémorisation et non sur la recherche,
manque de documents, imprécision de la terminologie et absence de glossaire.
Nous comprenons ainsi pourquoi Edmond Chidiac, professeur d'histoire
à l'Université Saint-Joseph, se demande si « l'enseignement de l'Histoire au
Liban contribue à la formation à la citoyenneté ou bien est plutôt facteur de
division » (5).
Par ailleurs et, face à la crise complexe dans laquelle se débat le Liban, des
voix mi-figue, mi-raisin se sont fait entendre au sein de la population appelant
au retour du mandat avec une pointe de nostalgie évoquant les différentes réalisations
de cette période. Il serait légitime de se demander comment la puissance
mandataire a géré le dossier de l'enseignement de l'histoire du Liban et
si la France a maintenu une influence dans ce domaine.
Pour essayer de comprendre ces différentes problématiques, nous aborderons
dans notre réflexion le rôle de l'État libanais dans l'élaboration des programmes
d'histoire depuis la mise en place du mandat français (I), puis nous
analyserons l'accueil de deux concepts clés occidentaux par la communauté
scientifique et éducative libanaise (II).
I. - Des politiques éducatives décevantes
A. - Le mandat et la « mission civilisatrice »
Si les écoles « françaises » ont précédé la mise en place du mandat (6),
nous ne pouvons parler de politique éducative qu'avec la création du Grand
Liban en 1920 par la France et l'instauration du mandat. On pourrait imaginer
que les autorités mandataires ont fortement investi dans les écoles. Or, on
(4) Messara A., « Ce que les élèves apprennent dans les manuels scolaires d'histoire
du Liban », in La gouvernance d'un système consensuel, 2003, Beyrouth, Librairie
orientale, p. 415 à 418.
(5) Chidiac E., « Scolarisation et enseignement de l'histoire au Liban : formation du
citoyen ou facteur de division ? », Tempora 2005, vol. 16-17, p. 2379 à 2385.
(6) Consulter l'article de Moeller E., « Une union éternelle ? Les catholiques libanais et
les écoles françaises au Liban, 1900-1950 », Documents pour l'histoire du français langue
étrangère ou seconde 2010, n° 45, mis en ligne le 13 mars 2014, consulté le 27 mai
2021. URL http://journals.openedition.org/dhfles/2413 ; DOI: https://doi.org/10.4000/
dhfles.2413.
REVUE DU DROIT PUBLIC - N° 1-2023

http://journals.openedition.org/dhfles/2413 https://www.doi.org/10.4000/

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