Revue du droit public et de la science politique en France et à l'étranger n°1-2023 - 96

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EMMANUEL DE MONREDON
d'accès. Elle ajoutait : « Est-ce que c'est 12 ans, 14 ans, 16 ans... Il faut avancer
là-dessus » (2). Ces déclarations ont été suivies, quelques semaines plus tard,
dans le quotidien Le Figaro, d'un « Appel de 41 personnalités » de tous horizons,
allant dans le sens contraire, sous cette affirmation : « La corrida est un art
et nul ne doit en être exclu » (3).
Aucune proposition de loi n'a finalement été déposée, et les choses sont
restées en l'état. Elles ont failli ressurgir au mois d'octobre 2020 sous la forme
d'un amendement législatif interdisant la présence du mineur de 16 ans à des
actes de cruauté envers un animal (4), mais ce texte a été déclaré irrecevable
en commission parlementaire.
La corrida espagnole - c'est seulement d'elle qu'il est question ici - est un
espace symbolique clos qui, en raison de sa dimension violente incontestable,
ne se pénètre qu'avec précaution.
Il faut convenir qu'un jeu qui aboutit à la mise à mort d'un animal à l'occasion
d'un spectacle public (5) interpelle les consciences. En particulier celle
des mineurs, pour lesquels l'autorité publique, en France, a mis en place une
savante stratégie anti-violence sous forme de signalétique télévisuelle et de
décisions sanctions solennellement rendues par le CSA (6).
La corrida n'est-elle pas le spectacle à bannir de la violence organisée en
direct ? Ou, au contraire, un éveil, un enseignement à la réalité du monde ?
C'est à ces questions qu'il est demandé au droit de répondre. Anticipons que
cela ne sera pas simple.
Si les mineurs accèdent librement aux arènes en France (7), ce n'est pas le
cas dans tous les pays taurins du monde. La question reste toutefois la même,
partout et toujours : doit-on autoriser l'accès des mineurs, des enfants, dans
(2) Cf. « Aurore Bergé veut interdire les corridas aux mineurs », Le Figaro 21 août
2019, www.lefigaro.fr/actualite-france/aurore-berge-veut-interdire-les-corridas-auxmineurs-20190821.
(3)
Cf. « L'appel de 41 personnalités : " La corrida est un art et nul ne doit en
être exclu " », Le Figaro 17 oct. 2019, www.lefigaro.fr/vox/societe/l-appel-de-40personnalites-la-corrida-est-un-art-et-nul-ne-doit-en-etre-exclu-20191017.
(4)
Cf. amendement n° 156, 5 oct. 2020, www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/
amendements/3393/AN/156.
(5) Pour cette raison ne sera évoqué ici que par allusion le cas du Portugal où la mise
à mort est interdite ; de même que les autres formes de tauromachie, telles, en France,
la course camarguaise et la course landaise, spectacles sans mise à mort de l'animal.
(6) V. not. : CSA, ass. plén., 26 sept. 2006, « Alegria : projet de convention adopté »,
CSA 24 oct. 2006, www.csa.fr/Reguler/Espace-juridique/Les-textes-adoptes-par-l-Arcom/
Les-decisions-du-CSA/Alegria-projet-de-convention-adopte ; CSA, ass. plén., 27 nov.
2012, « Diffusion sans signalétique de corridas : intervention auprès de TVPI », CSA
18 déc. 2012, www.csa.fr/Reguler/Espace-juridique/Les-textes-adoptes-par-l-Arcom/Lesdecisions-du-CSA/Diffusion-sans-signaletique-de-corridas-intervention-aupres-de-TVPI.
(7)
Sauf interdiction par arrêté préfectoral dont il n'existe pas d'exemple, prononcée
en vertu de l'ordonnance n° 59-28 du 5 janvier 1959 sur l'accès des mineurs à certains
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http://www.lefigaro.fr/actualite-france/aurore-berge-veut-interdire-les-corridas-aux http://www.lefigaro.fr/vox/societe/l-appel-de-40 http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/ http://www.csa.fr/Reguler/Espace-juridique/Les-textes-adoptes-par-l-Arcom/ http://www.csa.fr/Reguler/Espace-juridique/Les-textes-adoptes-par-l-Arcom/Les

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