Revue - Revue du droit public et de la science politique en France et à l'étranger 6-2023 - 225

SARAH BRIMO, LA SANTÉ ENVIRONNEMENTALE. UNE APPROCHE JURIDIQUE
(DALLOZ, COLL. « LES SENS DU DROIT », 2023)
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pour se hisser au niveau systémique et holistique (p. 82) qui, seul, permet
d'appréhender ce filandreux objet en plan large. En effet, et là n'est pas la
moindre finesse du propos, l'action et l'objet interagissent en permanence, ce
qu'illustrent à leur tour les développements suivants.
L'élargissement des objets (chap. 2, p. 83 à 124) s'articule finement avec
l'idée d'émergence, dans une perspective historique et dynamique particulièrement
féconde. Il s'agit en effet de bien comprendre que dans une Maison commune
(pour suggérer une approche complémentaire de l'écologie scientifique),
un nombre croissant d'êtres vivants interagissant sur fond de flux physiques et
chimiques eux-mêmes en expansion, ces constats ne peuvent être neutres du
point de vue des impacts, y compris sur la santé humaine et l'environnement.
La promotion d'une perspective systémique complexifie alors jusqu'au vertige
une vision longtemps circonscrite à l'intime, à l'entreprise et aux relations de
voisinage (p. 83), quand les exhalaisons nauséabondes et les fumées épaisses
sortant des usines pouvaient encore faire croire que ne seraient impactés que
les riverains qui toussent... Il est à cet égard très pertinent de dire qu'avec la
crise « Covid », tout ce qui était si l'on ose écrire... en germe, présent et ne
demandant qu'à jaillir au grand jour s'est révélé, accéléré, cristallisé, la santé
environnementale s'élargissant alors plus clairement à l'invisible tel qu'il se
cache à nous à travers d'innombrables objets et des relations multiples entre
matière, vivant et substances. Dans un récit d'une grande clarté, Sara Brimo
brosse alors un tableau frappant, qui nous montre la sécurisation par étapes et
d'ailleurs toujours en cours des environnements professionnels (l'évocation
de l'histoire longue de la santé au travail précède l'exemple tiré des risques
inhérents aux substances et produits chimiques), puis l'ouvrage appréhende
les risques attachés aux produits phytopharmaceutiques, dont l'utilisation fait
l'objet d'un contentieux toujours plus nourri et de tensions parfois contradictoires
au sein de la société civile. L'autrice explore notamment la nécessaire
montée en puissance de la prévention ainsi que les insuffisances de cette
dernière aujourd'hui encore (p. 99 à 105).
Elle ne passe pas sous silence la question, toujours plus sensible et perceptible,
de la qualité de l'air, les maladies respiratoires étant comme la face
longtemps cachée de la pollution atmosphérique. Les développements, brefs
mais limpides, sur les carences d'une législation ex ante sur le sujet et les
insuffisances d'une intervention juridictionnelle ex post sont convaincants.
Mais ce que souligne tout aussi pertinemment l'ouvrage, c'est l'importance
croissante des relations existant et révélées tous les jours davantage entre
changement climatique et santé environnementale (p. 112 à 124). Cette thématique
(dont les effets visibles semblent être perçus par prises de conscience
successives comme autant de vagues de chaleur) fournit à l'autrice l'occasion
d'un passage en revue habile, qui sans être toujours parfaitement centré sur la
santé environnementale, lui permet d'évoquer tout autant le GIEC et la politique
internationale en matière de climat que certains contentieux révélateurs
REVUE DU DROIT PUBLIC - N° 6-2023

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