Revue - Revue française de finances publiques n°163/2023 - 51

Quelles évolutions de la fiscalité...
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Les exemples d'Uber ou encore d'Airbnb sont particulièrement éclairants à
ce titre9
. Alors que ce premier gère la plus grande entreprise de taxis au
monde, il ne possède aucun véhicule. De son côté Airbnb, le plus grand
fournisseur d'hébergements, ne possède aucune des propriétés louées sur sa
plateforme. Partant, nombre de frais sont alors reportés sur les utilisateurs
de la plateforme (coûts d'investissement, frais d'entretien ou encore
d'assurance...). Ainsi, ces plateformes se sont délestées de l'immobilisation
de capitaux (à la fois dans l'achat d'actifs et dans l'emploi de salariés),
pour concentrer leurs investissements sur le développement d'algorithmes
et le marketing. Ces plateformes légères s'appuient sur le processus
dit d'« ubérisation » qui exprime un haut degré de déstructuration de
l'entreprise (systèmes plus horizontaux, qui ne connaissent plus de barrière
d'entrée et où une grande partie de la production est décentralisée10
) et un
recours à l'externalisation (sous-traitance).
C'est ainsi que l'économiste J. Rifkin11
décrit le passage d'une
économie fondée sur la propriété vers une société privilégiant l'accès.
Dans ce modèle, la propriété (classique) des biens n'est plus capitale,
alors que l'accès (pour un temps donné) devient central : il s'agit alors
d'extraire davantage de valeur des biens à travers la segmentation
de leur usage dans le temps. Le développement des plateformes
collaboratives (BlaBlaCar, Allovoisins...), permettant aux propriétaires
de tirer profit de l'usage de leurs biens (leur voiture, leurs outils...), est
caractéristique de cette évolution facilitant le partage12
du partage »13
. L'« économie
a également permis d'optimiser l'usage d'actifs
jusqu'alors sous-utilisés (voire inexploités). À ce constat s'ajoutent de
nouvelles formes d'autonomie et de gestion du temps de travail, ayant
pu constituer pour certains une réponse à la crise économique. Cette
dimension de l'« ubérisation » met en évidence les nouvelles lignes
de fracture, ces formes renouvelées de travail ou de relations sociales
étant choisies mais également subies14
.
9. Goodwin, 2018.
10. J. HANIN, « Le capitalisme de plateforme se travestit en " économie collaborative " »,
Gresea, septembre 2019, disponible à l'adresse : http://www.gresea.be/Le-capitalisme-deplateforme-se-travestit-en-economie-collaborative.
11.
J. RIFKIN, L'âge de l'accès - La nouvelle culture du capitalisme, éd. La Découverte,
paru en 2000.
12. A. STROWEL, Les outils d'appropriation au service des communs numériques, in
Mélanges en l'honneur de Michel Vivant, éd. Dalloz, 2020.
13. A. GAURON, « En quoi le capitalisme des plateformes numériques est-il singulier ? »,
https://www.metiseurope.eu/2017/12/15/en-quoi-le-capitalisme-des-plateformesnumriques-est-il-singulier/
14.
Conseil d'État, Étude précit., p. 12.
RFFP n° 163 - Septembre 2023

http://www.gresea.be/Le-capitalisme-de-plateforme-se-travestit-en-economie-collaborative http://www.gresea.be/Le-capitalisme-de-plateforme-se-travestit-en-economie-collaborative https://www.metiseurope.eu/2017/12/15/en-quoi-le-capitalisme-des-plateformes-numriques-est-il-singulier/ https://www.metiseurope.eu/2017/12/15/en-quoi-le-capitalisme-des-plateformes-numriques-est-il-singulier/

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