Revue Droit & Littérature - Revue Droit & Littérature N°7-2023 : Notre Péguy - 174

VARIÉTÉS
de ruse128
; ces pratiques pouvant les amener à une mort sacrificielle dont seule l'impossible mise
œuvre justifie la fuite (B).
A. L'illégalisme et l'assassinat
C'est avant tout la révolte qui pousse à agir. Le premier acte préalable à toute action
illégale ou criminelle est la révolte129. Cette révolte de tous s'exprime contre l'État criminel,
, contre le paternalisme familial131
, contre l'absurdité carcéjusticiers,
cette révolte doit être radicale et passer par l'assassinat135
parmi les opposants à l'avènement d'un monde libre136
et doivent être rendues publics pour stupéfier138
. Mais pour faire advenir publiquement de nouveaux
, sans faire d'exceptions
. Ces actions demandent du courage137
, terroriser et faire advenir la révolution
128. Ces données contingentes, aléas de la propagande par le fait, sont représentées dans la première partie du roman par l'aide
impromptu d'Ivan, cf. idem, p. 99-100.
129. Le climax de cette révolte est « l'hallali qui sonne pour la battue aux loups », cf. idem, p. 98 mais elle est exprimée dès le début
du roman : « En chasse ! le gibier en vaut la peine ! c'est la battue aux loups, aux grands loups humains ! Allons les jeunes dont l'idéal
est grand ; les vieux qui savez ce qu'il est tombé de braves autour de vous, saisissez l'occasion, elle se présentera au moins une fois à
chacun. Allons, les porte-besace, les gueux, les maudits du monde entier, les meurt-de-faim toujours traqués ; le gibier se lève... sous la
terre arrosée de votre sang ; sous la terre, toute pleine de morts, passe le réveil. », cf. idem, p. 67. L'autrice parle également de « leçons
de révolte », cf. idem, p. 90.
130. « La révolte, ce mot fait battre tous les cœurs [...] de loups ou d'hommes, c'est la haine du collier qui pèle le cou des chiens. »,
cf. idem, p. 72. La métaphore est filée avec le comportement d'Ivan, cf. idem, p. 80.
131. Paul, fils du gouverneur, policier, dédie sa vie à l'anarchie : « Le gouverneur de la forteresse fut prévenu, son zèle l'avait empêché
de dormir et aussi la pensée de son fils, cet écervelé qui [...] venait grâce à sa profonde et soudaine amitié pour Ebenezer de le donner
d'une façon qui eût épouvanté bien d'avantage le gouverneur - son fils, son propre fils l'avait donné ai nihilisme », cf. idem, p. 95 et
v. C. Rétat, « Présentation », loc. cit., p. 31.
132. « Pour provoquer un acte de fureur on avait annoncé à Ebenezer qu'il sortirait seul et que les autres seraient jugés - c'est-à-dire
condamnés à la potence, il avait été pris au piège bien d'autres le seraient ! - Alors, il avait tout brisé dans son cachot. - Tout, c'est-àdire
la cruche et les vitres de la haute et étroite ouverture par où l'air s'infiltrait, en y jetant les débris de la cruche. C'était une fureur
comme celle du bœuf attaché à l'abattoir pour attendre le coup de massue ; après sa révolte instinctive il commença à regarder en face
la situation - sortir ! Lui qui avait monté l'affaire ! Lui qui n'avait jamais commis de lâcheté ; cette honte suprême, cet écroulement de
toute sa vie de brave lui causait une horreur profonde ! Ainsi face-à-face à lui-même, il resta trois jours... », cf. L. Michel, La Chasse
aux loups, op. cit., p. 86.
133. « Ce jour-là c'était Soudeïkine [qui fut assassiné] ; le souffle de ceux qui l'avaient précédé passa sur la face des postes passibles
d'être exécutés et aussi des révoltés qui peuvent à leur tour devenir justiciers. », cf. idem, p. 95.
134. « Le soupçon d'un vaste complot nihiliste se ramifiant à travers les bastilles de l'État et prenant le monde. Malheureusement ils
se trompaient : il n'y avait encore que la battue aux loups, sonnant par le monde. », cf. idem, p. 97.
135. « La chasse sans pitié, ni pour les louves pleines, ni pour les louveteaux s'ils essaient de mordre à la chair vive ! Tout ce
qui suit la bande y passera ! ils (sic) l'ont voulu ! [sont visés les grands loups humains ceux qui torturent l'humanité] », cf. idem,
p. 67, « Les deux balles de Pierre [qui devaient abattre le baron] avaient mal porté [...] Il n'y avait plus qu'à passer autour d'un
autre... », cf. idem, p. 74,
136. Le baron Moïse Alie n'est pas sauvée par son appartenance à la « race persécutée » et parmi ceux qui programment sa mort
figure l'autre Moïse, l'homme pauvre, cf. idem, p. 73 et v. C. Rétat, « Présentation », loc. cit., p. 32, « Attends que les loups condamnés
soient abattus, alors nous seront libres. Ces loups-là, c'étaient des loups humains. - Combien de condamnés ? - Tous ! - Comme ce
sera long ! », cf. L. Michel, La Chasse aux loups, p. 75.
137. « Il faut plus de courage pour tuer que pour donner la vie ! », cf. L. Michel, La Chasse aux loups, op. cit., p. 91, et v. C. Rétat,
« Présentation », loc. cit., p. 16.
138. « Le gouverneur était stupéfié du désastre qui s'abattait sur lui. », cf. L. Michel, La Chasse aux loups, op. cit., p. 97.
174 Droit & Littérature - Numéro 7
conduire à voir naître de nouveaux justiciers133
rable au complot, par définition caché134
; il est urgent de ré-agir. C'est seulement cette révolte qui peut
, car celle-ci doit être publique et est préfé«
domesticateur » de l'homme130
ral et l'accusation de folie132
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