Bibliothèque de droit international et droit de l'Union européenne - Tome 138 - La contribution de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples à la protection des droits des détenus - 7

PRÉFACE
Il est toujours particulièrement agréable et réconfortant pour une directrice de
thèse d'être témoin de la conversion d'un manuscrit doctoral en un ouvrage académique.
En effet, si les résultats de la recherche scientifique ne sont point accessibles
ni visibles, comment peuvent-ils espérer inspirer, guider, orienter l'avenir ? Il en va
d'autant plus ainsi lorsque le sujet, comme ici, répond à des besoins sociaux prégnants.
Qu'Alice Yoro, que nous avons eu l'immense plaisir d'encadrer, trouve dans
ces quelques lignes le témoignage de notre profonde reconnaissance pour la publication
de ce bel ouvrage issu de son manuscrit défendu publiquement le 10juillet 20181
pour l'obtention du titre de Doctorat en droit de l'Université de Strasbourg.
Si la protection des droits fondamentaux des détenus n'est point un sujet particulièrement
original, il demeure un thème absolument fondamental, tant cette protection
ne va pas encore de soi dans nombre de pays et tant le phénomène universel de
surpopulation carcérale est un facteur aggravant du bon respect des droits humains. Le
présent ouvrage s'appuie sur une analyse attentive des normes relatives aux droits des
détenus bien au-delà de celles produites par la Commission africaine qui constitue le
noyau dur de cette investigation (puisque la Commission elle-même s'est amplement
référée à des décisions externes englobant les systèmes européen, interaméricain et
onusien), sur une prise en compte du droit en contexte (culturel et politique) tout
autant que sur une analyse de terrain par les entretiens qui ont pu être réalisés sur
plusieurs mois. L'ampleur du corpus analysé est aisément perceptible à la seule
lecture des références bibliographiques.
Par sa connaissance fine du contexte régional et du mécanisme africain et par la
gesticulation intellectuelle permanente avec les jurisprudences issues des autres systèmes,
Alice Yoro offre ainsi au monde académique, aux praticiens et plus largement à
tous les acteurs et parties prenantes de la protection des droits des détenus en Afrique,
une synthèse détaillée des évolutions impulsées par la Commission africaine de 1987
à 2020. De surcroît, cette publication apporte une réflexion stimulante sur les lacunes
du système, en partageant avec le lecteur des recommandations précises et nombreuses
afin d'améliorer l'état du droit existant et de sa mise en œuvre. Toute la passion de
l'autrice, qui l'avait portée pendant son parcours doctoral, transparaît dans une écriture
claire et résolument optimiste. De plus, toute son expérience en qualité non seulement
de chercheuse mais aussi de consultante engagée auprès de nombreux organismes
de défense des droits fondamentaux résonne dans les développements de cet
ouvrage. Nul doute que l'index et la table des matières permettront aux lecteurs de
se situer aisément dans ce travail très dense.
1. Le jury était composé de Mme Peggy Ducoulombier, Professeure à l'Université de Strasbourg, des
deux rapporteurs M. Jean Dhommeaux, Professeur émérite de l'Université de Rennes 1 et M. Gérard
Niyungeko, ancien juge et Président de la Cour africaine des droits de l'homme et de M. Mutoy Mubiala,
Fonctionnaire au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.

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