CHAPITRE 2 LE PRINCIPE D'ÉGALE ADMISSIBILITÉ AUX EMPLOIS PUBLICS 555 Le principe d'égale admissibilité aux emplois publics dispose d'une forte base constitutionnelle qui s'est renouvelée et a été confortée depuis la Révolution française. L'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen constitue la première base constitutionnelle du principe d'égale admissibilité aux emplois publics ; il dispose que « Tous les citoyens étant égaux [...] sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ». De même, le 18e alinéa du préambule de la Constitution d'octobre 1946 affirme que la France « garantit à tous l'égal accès aux fonctions publiques ». Ces normes reflétant la volonté de mettre fin au recrutement arbitraire, inégalitaire et patrimonial (avec le système de la vénalité des offices) jusqu'à la Révolution française ont été tenues en échec par les discriminations pendant le régime de Vichy avant de produire de nouveau leurs effets sous la Ve République à partir surtout de l'intégration du Préambule de la Constitution dans le bloc constitutionnalité qui a permis au Conseil constitutionnel de rappeler les exigences de l'égale admissibilité aux emplois publics. Ce principe interdit toute forme de discrimination négative (Section 1) mais peut s'accommoder, dans une certaine mesure, de la création de discriminations positives pour l'accès à certains emplois publics (Section 2). SECTION 1 L'INTERDICTION DES DISCRIMINATIONS NÉGATIVES 556 Plan. - Dans une démocratie libérale et constitutionnelle, la liberté d'opinion est absolue et ne peut en aucun cas être prise en compte pour écarter une candidature à l'accès aux emplois publics comme l'a montré la décision de principe rendue en pleine guerre froide dont des enseignements utiles peuvent Troisième partie : Accès et carrière dans la fonction publique 375 et dernier