Cours - Méthodologie des exercices juridiques - 7e - 113

Le commentaire de texte
d'une analyse : il convient de peser dans chaque expression ou chaque terme utilisé les nuances
ou les subtilités qu'a voulu y placer l'auteur : un « peut » est différent d'un « doit » ; un « et », différent
d'un « ou » ; un « assurément » différent d'un « certainement ». Ne rien négliger donc : mots,
verbes, adverbes, articles. Les textes proposés sont généralement des modèles du genre : la place
des mots dans la phrase, les temps des verbes, les articulations ou ruptures, la simplicité des
phrases ou la multiplication des incises, les figures de style (énumérations, répétitions, métaphore,
métonymie, asyndète, etc.), les notions très explicitées ou, au contraire, semblant être oubliées,
implicites, les articles définis ou indéfinis... ont tous leur importance. Il est bon de ne pas négliger
le titre du document et d'y revenir si besoin car, souvent, il contient l'essentiel (ou une amorce,
une suggestion) de l'idée maîtresse du document.
Évidemment, les termes de la technique du droit (vocabulaire propre au monde juridique) méritent
une définition ne serait- ce que pour montrer qu'ils sont connus de vous. Il convient ici d'être particulièrement
attentif aux expressions du droit, même en apparence banales, que le spécialiste ou le
professionnel du droit aura choisies. En effet, les principes généraux du droit, en droit public ou en
droit administratif par exemple, passent aux yeux des apprentis juristes comme des expressions
relativement communes ne méritant pas obligatoirement d'être explicitées alors qu'elles ont, en
langage juridique, pris, depuis leur théorisation, un relief tout particulier pour les juristes confirmés.
Ainsi du concept très rompu d'« ordre public » du Code civil ou des concepts, bien particuliers, de
« libertés publiques », de « liberté d'expression » comme autres exemples. Un petit mot ou une
expression peuvent ainsi revêtir une acception si spéciale au monde du droit qu'il conviendra d'en
faire l'essentiel du commentaire d'une partie. Attention alors avec le vocabulaire qui semble basique.
Seule l'acquisition de connaissances permet à l'étudiant de détecter ces mots d'apparence si banale
et pourtant si complexes dans la réalité juridique.
2. La mise en contexte
Il faut ensuite se replacer dans le contexte, dans la perspective historique, comprendre pourquoi le
texte a été écrit. C'est l'environnement du texte : ses lieux et temps d'expression, d'élaboration, de
projection. Le contexte est multiple : il peut être historique, politique, uniquement juridique, social,
environnemental, économique, sociologique ou artistique. Un texte n'est jamais isolé, ni produit ab
nihilo (même pour des textes surréalistes). Le contexte est constitué d'éléments extérieurs, révélant
intellectuel du texte. Il appartient à un ensemble généralement très cohérent. D'où l'importance de
le replacer dans son entourage originel. Car le texte n'est compris qu'à la lumière de ce qui l'a porté
ou fait émerger. Il accompagne la montée d'un phénomène ou une rapide tendance, l'évolution des
mœurs ou la réaction sociale, un besoin de droit positif ou l'aboutissement d'une pensée juridique,
le choix d'un dirigeant ou un événement climatique, une guerre, un bouleversement.
Plaçons- nous surtout sur le terrain temporel ; c'est- à-dire essayons de comprendre pourquoi ce
texte a été écrit, quels sont ses effets ou sa portée et quelles en seront ses potentielles conséquences
ou son avenir.
Selon le document à commenter, les questions peuvent être très diverses. Quelques- unes néanmoins
peuvent facilement s'adapter à votre sujet pour mieux en percevoir le contexte.
Par exemple :
* Quelles sont les origines (historiques, économiques, sociales, juridiques...) ?
* Sur quels fondements est établi le texte ?
105

Cours - Méthodologie des exercices juridiques - 7e

Table des matières de la publication Cours - Méthodologie des exercices juridiques - 7e