Systèmes - Droit constitutionnel britannique - 3e - 34

Droit constitutionnel britannique
européenne. Les débats sur la Retained EU law et son avenir dans
l'ordre juridique britannique en témoignent.
Ensuite, la portée de la protection des libertés en Angleterre doit
e siècle a pu faire montre d'un libéralisme politique et écoe
siècle. Les libertés
être relativisée. S'il est incontestable que la Grande-Bretagne à partir
du XVI
nomique contrastant avec ses voisins, dont la France, les hagiographies
de l'histoire britannique nous trompent en évoquant une
« terre de la liberté » accomplie dès le XVIII
accordées sont reconnues à une minorité d'hommes libres aux premiers
rangs desquels figurent les parlementaires et les riches propriétaires.
Les déclarations de droits anglaises sont avant tout des
textes visant à protéger les grands du Royaume, puis les parlementaires,
contre les atteintes du monarque à leur liberté ou à leur propriété.
Comme pour l'ensemble des Européens aux XVIII
e et XIX
e siècles,
nombreux sont les Britanniques qui ne jouissent pas de
libertés et de droits civiques effectifs, soit parce que des catégories
de la population n'en bénéficient pas, soit parce qu'ils ne disposent
pas des moyens pour les revendiquer. Il serait tout aussi erroné de
penser qu'il y a un progrès linéaire de la reconnaissance des libertés
et des droits civiques. Que ce soit pour les magnats ou les individus
de basse condition, la conquête des libertés est faite d'avancées et
de reculs au gré d'affrontements avec les monarques. Par ailleurs, à
rebours des immigrations politiques du XVIII
e siècle, la période victorienne
du triomphe de la pudibonderie voit les plus grands auteurs,
victimes de censure, s'exiler vers la France, tel Oscar Wilde. À la
même époque, la surexploitation des plus pauvres en plein essor
du capitalisme, racontée par Dickens et théorisée par Marx, empêche
de pouvoir affirmer que les libertés et les droits bénéficient
effectivement à tous. Même au XX
e siècle, alors qu'il est souvent
très avancé sur les questions des libertés, le Royaume-Uni surprend
par le maintien d'interdits anachroniques. Il faudra attendre un procès
en 1960 pour que L'Amant de Lady Chatterley de D. H. Lawrence
soit vendu librement. Moins anecdotique, la peur du terrorisme
depuis les attentats du 11 septembre 2001 ébranle clairement une
tradition libérale par des lois de plus en plus attentatoires aux droits
procéduraux des individus. La lutte anti-terroriste n'est plus le seul
prétexte. Le Public Order Act de 2023, dans le prolongement de restrictions
au droit de manifester déjà actées dans le Police, Crime,
Sentencing and Court Act de 2022, vise notamment à réprimer des
actions de militants écologistes, certes parfois violentes, mais qui
sont sans commune mesure avec l'objectif poursuivi par des actions
visant à tuer. Le Joint Committee on Human Rights du Parlement a
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