Systèmes - Droit constitutionnel britannique - 3e - 45

Introduction
du marché commun et font de l'Europe un thème annexe. C'est en
1987 que le Labour s'affiche explicitement comme un parti pro-européen
contre le scepticisme thatchérien. Avec l'arrivée de Tony Blair
au 10 Downing Street, l'europhilie travailliste triomphe avant de
connaître un reflux majeur dans la seconde moitié des années 2000.
À partir de cette époque, les relents nationalistes et antieuropéens
en Angleterre, initialement minoritaires, se font de plus en
plus sentir, au point de faire de la sortie de l'Union européenne un
sujet à la mode et progressivement au cœur du programme des
conservateurs. Ces derniers ont une attitude difficile à appréhender
face à l'intégration communautaire. Idéologiquement, elle devrait
satisfaire le libéralisme économique qui prévaut chez les tories. Toutefois,
historiquement, la CEE puis l'Union européenne contrarient le
conservatisme britannique attaché à un isolationnisme continental
bien connu pour privilégier les rapports avec les anciennes colonies.
Cette ambiguïté trouve sa parfaite illustration dans l'attitude de Margaret
Thatcher. Lors du premier référendum sur l'adhésion du
Royaume-Uni aux Communautés européennes en 1975, elle soutient
avec la majorité de son parti le « oui ». Cependant, une fois devenue
Première ministre, elle fait parfois preuve d'une réelle hostilité à
l'encontre des institutions européennes. Même si son propos « We
are simply asking to have our own money back »15
n'avait rien de théorique
et ne visait qu'à exposer les difficultés budgétaires considérables
auxquelles le Royaume-Uni était confronté en 1984, la « Dame
de fer » a multiplié par la suite les prises de position eurosceptiques.
Le succès du New Labour de Tony Blair va ringardiser ce repli
conservateur déjà pondéré par John Major. Pendant près de 15 ans,
le peuple britannique devient pro-européen, parfois bien plus que les
citoyens des États fondateurs comme la France. Dès 1998, le Premier
ministre ne cache d'ailleurs pas le désir de voir son pays
rejoindre la zone euro. L'impopularité croissante et les ambiguïtés
de Tony Blair à partir de 2003 ont pour effet collatéral de mettre de
côté ce projet ambitieux qui nécessitait un accord politique large.
Les attentats de Londres en 2005, puis la crise financière de 2008,
mettent fin à la Cool Britannia. Après une dizaine d'années de forte
croissance, le Royaume-Uni connaît un ralentissement économique.
Se révèlent alors les effets du néo-conservatisme thatchérien : l'accroissement
des inégalités et une précarisation des emplois qui,
pour certains Britanniques des classes moyennes et populaires,
15. Qui n'a jamais été enregistré, mais rapporté avant d'être déformé pour devenir le célèbre
gimmick : I want my money back.
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