Systèmes - Droit constitutionnel britannique - 3e - 46

Droit constitutionnel britannique
sont dus aux travailleurs venus de l'Europe de l'Est grâce à la libre
circulation promue par l'Union européenne (et largement soutenue
par Tony Blair). Pire encore : il apparaît que le Royaume-Uni a pu
partiellement limiter les effets de la crise grâce à la maîtrise de sa
monnaie, alors que les membres de la zone euro ont eu toutes les
peines du monde à se sortir du marasme économique. D'ailleurs,
pour de nombreux Britanniques, la tragédie grecque qui a suivi la
crise de 2008 est devenu le symbole d'une Europe qui ne protège
plus, sauf l'élite technocratique et financière. Faute d'entendre les
critiques des classes défavorisées, le plus souvent justifiées, la
classe politique dominante, dans un tel contexte, a favorisé la montée
des discours simplistes et mensongers. Écartés du pouvoir pendant
13 ans et conscients du changement de climat politique, les
conservateurs ont réintroduit une dose d'euroscepticisme dans leur
programme de 2010. Elle se traduira par l'adoption d'une loi tentant
maladroitement de renforcer la souveraineté du Parlement national
(l'European Union Act de 2011). Ne parvenant pas à juguler l'ascension
inexorable du parti europhobe UK Independence Party aux élections
intermédiaires - mais il est quasi absent aux Communes -
David Cameron, alors Premier ministre conservateur, promet un
référendum sur le maintien de son pays au sein de l'UE. Ce pari
paye dans un premier temps : les tories obtiennent de façon inespérée
la majorité absolue aux élections de mai 2015. Dans un second
temps, c'est la douche froide. David Cameron, hostile au retrait
après avoir obtenu de nouvelles concessions des Européens sur le
statut juridique du Royaume-Uni au sein de l'Union, est contraint à
la démission après le succès du Brexit. Lors de la campagne, les
conservateurs se sont déchirés. Les travaillistes, en pleine crise,
n'ont pas été audibles, d'autant que leur chef, Jeremy Corbyn, a
longtemps milité dans le camp des europhobes au sein du parti. Le
UKIP, surpris par sa victoire, perd sa raison d'être et son leader charismatique,
Nigel Farage, qui se retire également. Le conservateur
et ancien maire de Londres Boris Johnson, l'autre vainqueur du
scrutin, est pressenti pour devenir Premier ministre. Il se dérobe et
laisse la place à Theresa May, dont les convictions sur l'Europe sont
des plus énigmatiques. BoJo, comme le surnomment ses amis,
revient finalement sur le devant de la scène après les échecs répétés
de la cheffe du gouvernement à faire adopter par les Communes
l'accord de retrait qu'elle avait négocié avec la task force de l'Union
européenne dirigée par le Français Michel Barnier. Malgré de tensions
fortes avec un Parlement prorogé illégalement pour cinq
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