La laïcité de la République : garantie ou menace pour les libertés ? juridique que du point de vue politique. Les catholiques ont accepté la laïcité de l'État comme un fait, voire une nécessité, dès lors qu'elle n'est ni une discrimination, ni une laïcité de combat. La déclaration des cardinaux et archevêques du 13 novembre 1945 distinguait d'une part une laïcité de l'État « conforme à la doctrine de l'Église » incluant la souveraineté de l'État dans l'ordre temporel, la liberté de religion dans un pays divisé de croyances, dont l'Église prend acte parce qu'elle veut que l'acte de foi soit fait librement et, « d'autre part une laïcité inacceptable » : doctrine philosophique matérialiste et athée, volonté de l'État de ne se soumettre à aucune morale supérieure. Le consensus se serait donc réalisé sur la conception de la laïcité acceptée tant par l'Église que par les laïcs impliquant la neutralité et l'impartialité de l'État. C'est ce que le professeur Jean Rivero avait remarquablement exposé dans une chronique parue au début de la IV e République et maintes fois mentionnée. Il n'est pas inutile de la citer un peu longuement tant ce grand juriste explique bien pourquoi le consensus a pu se réaliser grâce à l'action pacificatrice du droit : « Laïcité : le mot sent la poudre ; il éveille des résonnances passionnelles contradictoires ; et la contradiction n'est pas seulement celle normale, qui oppose les esprits pour ou contre une notion claire ; elle porte sur le contenu même de la notion, et le sens du mot. 64