Hors-collection - L'enseignement du droit aujourd'hui - 18

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L'enseignement du droit aujourd'hui
savantes et étrangères, suivre les travaux scientifiques et littéraires qui auront pour
objet l'utilité générale et la gloire de la République ».
N'oublions pas que dans l'organisation des trois classes originelles, nos deux
Compagnies se trouvaient groupées dans la deuxième section, divisée elle- même
en six sous- sections, sous l'appellation générale de « sciences morales et politiques ».
La première section était, - noblesse oblige ! - réservée aux sciences physiques et
mathématiques, tandis que la troisième regroupait les actuelles Académie française
et des Beaux- Arts.
Que mes Confrères des Sciences morales et politiques me pardonnent de
rappeler ici un épisode douloureux de leur histoire : leurs démêlés avec le Consulat
leur valut d'être supprimés, par décret en date du 3 brumaire an XI. Ce décret
consacrait l'autonomie des quatre autres sections, dont la nôtre, qui devenait ainsi
la classe des langues anciennes et d'histoire. Il faut toutefois attendre Louis XVIII
pour que l'appellation d' « académies » redonne aux sections leur identité en même
temps que leur autonomie en 1816, puis Louis- Philippe, dont l'ordonnance du
26 octobre 1832 restaure l'Académie des Sciences morales et politiques.
Ainsi donc, nos sorts ont toujours été liés, autant par nature que par notre
histoire commune. Si la pratique du Droit n'est pas une condition d'accès aux
Inscriptions & Belles- Lettres, sa connaissance, surtout celle de ses fondements et
de son histoire constitue un excellent ticket d'entrée, surtout dans notre culture,
dans laquelle le Droit romain est fondateur.
Je ne voudrais pas être trop long, mais il me tient à cœur d'évoquer aujourd'hui
l'un d'entre nous, trop tôt disparu : Jean- Louis Ferrary, qui eût été certainement
des nôtres en ce jour, si la Parque n'en avait décidé autrement. Immense latiniste
et helléniste, il a très tôt consacré une grande part de ses travaux au droit romain
et à ses fondements, n'hésitant pas à conclure son séjour de membre scientifique
au palais Farnèse par la publication d'un mémoire dans la série des Mélanges de
l'École, consacré à la première législation concernant les crimes de concussion
(les leges repetundarum) avant la dictature de Sylla, en tant que lois « sociales »,
c'est- à-dire en les envisageant sous l'angle des rapports entre le pouvoir romain
et les peuples sujets. Il faisait alors surgir sur le devant de la scène scientifique le
débat qui avait passionné la classe politique romaine dans les derniers siècles de
la République et qui connaît aujourd'hui une actualité douloureuse. Il en tira
une œuvre séminale, qui applique son analyse à l'Orient grec, Philhellénisme et
impérialisme. Aspects idéologiques de la conquête romaine du monde hellénistique de
la seconde guerre de Macédoine à la guerre contre Mithridate, publié en 1988 dans
la Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome.
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