Hors collection - Quel modèle de gouvernance des finances publiques dans un monde de multi-crises ? - 72

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Créer un modèle financier public pour une société de multi- crises
soit économique ou juridique comme je l'ai évoqué hier. Parce qu'elles répondent
à des logiques diverses la façon de les approcher doit elle- même être diverse, il
nous faut changer de paradigme et rompre avec une logique d'exclusion, qui ne
reconnaît pas, et a fortiori ne les institutionnalise pas, les multiples interactions et
la multirationalité qui les caractérisent. Une attitude unidimensionnelle conduit à
des analyses qui ne peuvent qu'être partielles, engendrant des décisions faussement
rationnelles.
Nous continuons à penser les problèmes séparément et à proposer des solutions
également séparées. Nous agissons comme si le monde était unidimensionnel, nous
nous bornons à juxtaposer ses diverses dimensions. De ce fait, la réflexion sur les
institutions ne traduit pas la multidimensionalité, et donc la complexité, de la
réalité, elle n'en identifie qu'un aspect sans le situer dans la dynamique complexe
à laquelle il appartient. Il en résulte que les solutions apportées ne reflètent en
rien cette complexité et il ne peut alors y avoir de vue stratégique car les réponses
se font au coup par coup. Elles ne permettent pas, par conséquent, de construire
un modèle de gouvernance apte à réguler le système financier public.
Pour esquisser des propositions pertinentes, il serait déjà nécessaire de cesser
de penser séparément les différentes composantes du système financier public :
État, Collectivités locales et Sécurité sociale. En effet, l'une des caractéristiques
essentielles des modèles financiers publics, et peut- être le principal handicap de
leur gouvernance, réside dans leur hétérogénéité. Le pilotage des finances publiques
ne peut donc pas se limiter au budget de l'État. S'en tenir à cette seule dimension
relèverait d'une approche partielle méconnaissant les impératifs qui découlent de
la diversification d'un domaine dont la complexité s'est considérablement accrue
depuis ces dernières années.
On est en présence de trois catégories à multiples acteurs et structures qui
forment un système complexe qui n'a rien d'harmonieux, et dont le mode de
pilotage, de régulation, est encore très imparfait. Les uns rétroagissent sur les autres
sans qu'il soit toujours possible d'en contrôler les effets.
La conséquence est que le pouvoir financier public n'est pas facile à identifier
avec certitude car disséminé dans une multitude de lieux qui, si l'on considère le
développement exponentiel de l'IA, devraient de plus en plus se situer à cheval
sur deux mondes : un monde matériel déjà foisonnant et un monde virtuel hyperconnecté
et bien plus foisonnant encore.
Si bien que les modèles financiers publics forment des ensembles complexes
nécessairement difficiles à piloter. Autrement dit, maîtriser le pouvoir financier
public constitue un enjeu particulièrement redoutable à affronter.
La tâche est particulièrement difficile car l'actuelle distribution des pouvoirs
politiques ne reflète pas la complexité du pouvoir financier. Elle ne prend pas en
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