Penser le droit directement assimilable par la technique juridique. Elle doit être réélaborée sans pour autant être niée. Une pensée juridique digne de ce nom doit rendre compte de l'interdépendance entre raison et émotion, en un mot de l'irréductible humanité du droit. Les neurosciences ont compris que l'intelligence ne se résumait pas à l'intellect. Pourquoi la science juridique devrait-elle rester bloquée au stade technocratique et se condamner à être désavouée par les faits ? Pour relever ce défi, le juriste doit apprendre à concilier intellect et sensibilité. Il doit donc développer sa conscience. Notre société se trouve sans doute à un moment crucial de son évolution. Les excès du technicisme et du scientisme ne doivent pas faire oublier que la raison a permis de lutter contre les obscurantismes. La faillite du culte démesuré des premiers était sans aucun doute la condition nécessaire du redimensionnement de la seconde. La pensée juridique doit donc retrouver son humilité et sa vitalité. Le juriste doit retrousser ses manches pour aller au contact de la population et jouer son rôle de pédagogue. Il ne doit pas pour autant abandonner son sérieux et sa rigueur. Il doit se déconditionner et développer son intelligence émotionnelle. Cette nouvelle manière d'être au droit nécessite de lutter contre l'emprise de la dématérialisation pour ne pas céder aux sirènes de l'abstraction. Le juriste doit se souvenir qu'il est un être de chair et de sang. Il doit résister à la tentation de simplifier le réel à outrance et de nier sa part d'ombre. Il doit rendre compte de sa 59