Décider le droit l'obligation du port du masque dans les lieux publics pour les personnes vaccinées alors même que les scientifiques concluent que la vaccination n'empêche pas la contamination ? Comment expliquer les suppressions de lits d'hospitalisation en pleine période de pandémie ? La récente réforme des retraites a illustré le déni technocratique de la réalité sociale et démocratique. Le gouvernement, au nom d'une prétendue rationalité économique et financière, a détourné les procédures pour passer en force une loi repoussant notamment l'âge légal de départ à la retraite à laquelle la population était majoritairement opposée. Non seulement les normes produites par l'organisme juridique se réclament de la rationalité. Mais encore, leurs conditions de production reflètent un même culte pour la raison au détriment des ressentis démocratiques. L'idée de démocratie repose sur l'expression de la volonté populaire. Dans les faits, la démocratie dite représentative est principalement gérée par des fonctionnaires et des élus coupés du peuple. On a affirmé fictivement que le peuple s'exprimait à travers ses représentants. On est allé encore plus loin dans l'abstraction avec le concept de Nation. L'article 3 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789 proclame : « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément. » Les lois ne sont donc pas tout à fait l'expression de la volonté du peuple, mais l'expression de la volonté commune de cette entité autonome qui transcende 91