LA JUSTICIABILITÉ DES DROITS DU MIGRANT EN MER 481 1034. Assurer et promouvoir la justiciabilité des droits du migrant en mer est essentiel : le recours au juge constitue le dernier moyen d'assurer leur effectivité lorsque les États manquent à leurs obligations (échec de la concrétisation des droits) et que le migrant n'a pas été mis en mesure d'alerter l'État sur l'atteinte imminente à ses droits ou n'a pas été entendu (échec de l'opposabilité des droits). Selon les cas, le recours doit être propre à empêcher, faire cesser, sanctionner ou réparer l'atteinte au droit du migrant en mer. L'enjeu est de taille dès lors que la situation du migrant en mer est appréhendée par différents ordres juridiques et donc différents mécanismes juridictionnels. Par ailleurs, la coopération multilatérale renforcée dans le domaine de la lutte contre l'immigration irrégulière en mer peut conduire les États européens à diluer leur responsabilité dans celle d'États tiers. 1035. Plan. En vertu du DIEDH, et dans une moindre mesure du droit de la mer, l'État est tenu d'instaurer des voies de recours devant le juge national qui permettent au migrant d'invoquer l'atteinte portée à sa personne et de se voir offrir le redressement approprié le cas échéant (chapitre 1). Dans le cas où ce recours ne serait pas effectif, la responsabilité de l'État du fait d'une atteinte portée aux droits du migrant peut toujours être engagée devant le juge européen et international (chapitre 2).