CONCLUSION GÉNÉRALE 638. Le droit de la commande publique est une matière chaotique. Les normes qui le régissent sont fondées sur quelques principes directeurs anciens, sur lesquels se sont agglomérés une multitude de textes spécifiques. Ces derniers ont longtemps relevé de la compétence du pouvoir réglementaire qui créait un nouveau régime à chaque fois qu'un contrat devait être réglementé. Il a résulté de cette méthode une multitude de textes épars ne permettant pas d'établir avec précision et simplicité quel était le cadre juridique applicable à un contrat. En outre, si cette matière relève en grande partie du juge administratif, le contentieux est éclaté devant le juge judiciaire qui a compétence pour se statuer sur la légalité des contrats de droit privé de la commande publique. La possibilité qu'un litige survienne était alors grande : s'agit-il d'un contrat privé ou d'un contrat administratif? De quel type de contrat est-il question ? Quel est son régime applicable ? L'adoption du Code de la commande publique en 2018 a finalement simplifié le droit en rassemblant au sein d'un texte unique toutes les dispositions applicables aux marchés publics et aux concessions. Si son entrée en vigueur a profondément clarifié et simplifié le droit de la commande publique, il est toutefois remarquable que le Conseil constitutionnel tentât de parvenir à un tel résultat depuis le début des années 2000. Le syntagme est en effet apparu en premier lieu dans la jurisprudence constitutionnelle, avant que le juge ne l'utilise dans des formules telles que le « droit commun de la commande publique » ou le « principe d'égalité devant la commande publique ». 639. Il était pourtant possible de douter du rôle joué par le juge constitutionnel dans la structuration de la commande publique, notamment puisqu'en comparaison avec d'autres domaines, peu de décisions DC et QPC traitaient directement de cette matière. Ce corpus jurisprudentiel restreint s'explique par la place prépondérante jouée par le pouvoir réglementaire dans le droit de la commande publique. Le législateur ne retrouvait sa compétence que de façon ponctuelle afin de créer un nouveau type de contrat. Le Conseil fut néanmoins amené à se prononcer sur ces lois conçues comme dérogatoires et put, à ces occasions, présenter sa position sur le droit de la commande publique dans sa globalité. L'intuition initiale qui a guidé la thèse laissait penser que l'intervention du contentieux constitutionnel avait conduit à des évolutions majeures pour le droit de la commande publique. Cette idée fut rapidement confirmée par l'analyse de cette jurisprudence qui utilisait des notions innovantes et témoignait d'une posture singulière de la part du juge constitutionnel. Ces résultats ont permis de répondre à une grande partie des questions soulevées en introduction de cette étude. Pourquoi le Conseil constitutionnel a-t-il utilisé la notion de commande publique ? Que recouvre-t-elle selon lui et quel est le principe constitutionnel qui guide cette matière ? Qu'est-ce que le droit commun de la commande publique ? Les premières recherches sur ces questions ont conduit à une hypothèse : le Conseil constitutionnel a