CONCLUSION : CRISE DE LAJUSTICE ? au dogme de l'infaillibilité inspirée s'est substituée l'autorité de la chose jugée. Mais il en faut plus à l'opinion publique pour justifier le pouvoir considérable dont dispose le juge. Il doit, par sa personnalité, par son caractère, par son rôle dans la société donner la preuve de sa propre autorité. On croit à l'oracle du juge parce que sa fonction le place à l'abri des influences et des pressions et parce que sa conscience lui dicte une rigoureuse indépendance dont on reste convaincu que rien ne le détournera jamais. Cet acte de foi est l'ultime rempart de son autorité et, de ce point de vue, il ne faut pas se lasser de répéter que le juge français est un exemple. Mais c'est au prix d'une ascèse journalière qui seule lui permet de retrouver dans l'exercice de sa fonction, un prestige et une autorité qui ne lui sont plus donnés naturellement par sa naissance ou une cérémonie d'installation. En un mot, il doit reconstituer lui-même sa propre notabilité jour après jour. La véritable crise de la justice est peut-être une crise morale qui atteint l'opinion publique tout autant que le juge lui-même. 615