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pour certains au regard des besoins de l'évolution). Si l'homme n'est
pas un mathématicien des probabilités, sa décision est adaptée aux
incertitudes de la vie réelle. Les erreurs (biais) dans les tests s'expliquent
par leur écart avec le raisonnement social ordinaire. Ainsi, ce progrès
épistémologique se débarrasse de l'explication par l'irrationalité portée
par la psychologie des biais (Baratgin in Collins, 2018).
L'économie comportementale s'intéresse à la fraude (Jacquemet
et al., 2020). Les décideurs publics ont recours au nudge (Thaler et al.,
2010), une incitation douce basée sur les sciences cognitives5
.
Au niveau de la méthode, une évolution apparaît par rapport au
recueil des données utilisé par la psychologie sociale à l'époque de
Dubergé.
D'abord, de nouvelles techniques produisent des données contrôlées.
Les expériences en laboratoire se sont banalisées en psychologie
et en économie (Alm et al., 2021). La simulation de processus, un
programme informatique reproduisant une activité cognitive, est utilisée
par l'intelligence artificielle et la psychologie : Newell et le prix Nobel
Simon (1972) ont ainsi écrit un programme informatique général de
résolution des problèmes, tandis que les logiciels d'aide à la décision
se diffusent. L'imagerie cérébrale (IRM) décrypte les processus
neurologiques à des fins scientifiques et thérapeutiques.
Ensuite, l'abondance des sondages fiscaux offre un bilan étoffé des
réactions des contribuables. La fiabilité de ces sondages, basés sur
un échantillon représentatif selon la méthode des quotas, est indiquée
par la marge d'erreur selon la taille de l'échantillon. Au regard de la
diversité des données disponibles, on a donc surtout besoin d'études
synthétiques et longitudinales (d'autant que le coût des sondages
est lourd pour un centre de recherche). Ainsi, le rejet de l'impôt, le
sentiment d'injustice fiscale, les préférences selon les impôts, le lien
entre les impôts et les dépenses, les réactions au prélèvement à la
source, etc., sont bien renseignés6
est désormais un impôt bien identifié7 et moins bien accepté8
. Par exemple, on sait que la TVA
, ce qui
bouscule la conception classique de son caractère indolore.
Le cas des Gilets Jaunes (GJ), sur lequel j'ai travaillé, est emblématique :
47 enquêtes disponibles, dont 37 à partir d'échantillons représentatifs,
5. Un « coup de pouce » utilisé en France lors de l'introduction de la déclaration électronique
des revenus.
6. Spire (2018) néglige les sondages ainsi que la psychologie cognitive, l'économie utilitariste
et la sociologie de la déviance.
7. Baromètre CPO/Harris 2021.
8. Sondage Ipsos/Le Monde, novembre 2018 : 45 % jugent que la TVA est un impôt injustifié.
RFFP n° 166 - Mai 2024

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