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II. - LES DOMMAGES AUX ÉCO-SYSTÈMES
ET L'ÉCHANGE ÉCOLOGIQUE INÉGAL
Les principales sources de dommages aux éco-systèmes engendrés
par leur surexploitation peuvent être décomposées en quatre grandes
catégories. On peut ainsi distinguer10
la dette de carbone liée aux émissions
de gaz à effets de serre, la « biopiraterie » c'est-à-dire l'appropriation
des connaissances traditionnelles et le dépôt de brevets sur le vivant,
l'exploitation des richesses naturelles à des prix sous-évalués opérée
sans tenir compte des dégâts sociaux et environnementaux que cela
engendre11
, et enfin l'exportation de déchets plus ou moins dangereux
des pays riches vers les pays pauvres.
L'un des éléments communs aux situations ayant engendré la dette
écologique est la présence de relations asymétriques entre les nations,
entre les hommes ou entre les hommes et la nature qui continuent à se
perpétuer. Le prolongement dans le temps de ces relations asymétriques
peut expliquer pourquoi, face à la catastrophe environnementale déjà
présente, la dégradation des éco-systèmes continue à s'opérer aujourd'hui
de manière intense. Parmi les sources de la surexploitation des écosystèmes,
les facteurs économiques jouent un rôle primordial dans la
perpétuation de pratiques incompatibles avec le développement durable.
Pour étudier ces phénomènes, de nombreux auteurs raisonnent
désormais en termes d'échange écologique inégal. Deux courants de
pensée sont à l'origine de cette notion. D'une part, un premier courant
de pensée regroupe des précurseurs de l'écologie économique actuelle,
de Thorstein Veblen à Nicholas Georgescu-Roegen. Un second courant
de pensée est plus directement d'inspiration marxiste et issu des travaux
sur l'impérialisme, de Arghiri Emmanuel et Samir Amin à Immanuel
Wallerstein.
Dès le début des années 1980, le sociologue américain Stephen Bunker
a proposé une synthèse des deux courants qu'il utilise pour étudier le cas
des industries extractives dans la région de l'Amazonie brésilienne et
leur impact tant économique et social qu'environnemental12
. L'approche
en termes d'échange écologique inégal s'est depuis lors répandue comme
moyen de réunir dans un même corpus les quatre catégories de sources
10. DELORD Julien et SÉBASTIEN Léa (2010), op. cit., p. 2-3.
11. Par exemple, il n'y a pas d'exemple d'exploitation des ressources pétrolières et de transport
de ces ressources sans dégâts environnementaux sévères engendrant des dégâts sociaux.
12. BUNKER Stephen (1984), « Modes of Extraction, Unequal Exchange, and the Progressive
Underdevelopment of an Extrem Periphery: The Brazilian Amazon, 1600-1980 »,
American Journal of Sociology, Vol. 89, , n° 5, p. 1017-1064.
RFFP n° 167 - Septembre 2024

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