122 Revue Française de Finances Publiques énergétique. Il en va ainsi des taxes pigouviennes et de la création d'un marché de droits d'émission de gaz à effet de serre. Mais ces mesures sont manifestement insuffisantes pour réduire les émissions polluantes actuelles et prendre en compte la dette écologique. Par ailleurs l'appel aux finances publiques dans le cadre de la crise environnementale est percuté par un contexte dans lequel les contraintes pesant sur les finances publiques sont déjà extrêmement fortes et avivent la concurrence fiscale. Pour sortir de cette situation il faut décentrer le cadre de réflexion. Prendre au sérieux la dette écologique invite à penser les finances publiques nationales en les situant dans un cadre global. Nos systèmes de finances publiques et en particulier nos systèmes fiscaux ont été construits dans un cadre national, avec des aménagements pour tenir compte des relations économiques internationales. Mais désormais nombre de problèmes se posent dans un cadre immédiatement global. Dès les années 1990, l'idée d'associer les efforts nationaux dans un cadre global pour atteindre les objectifs du millénaire a déjà été avancée. La France, à travers la taxe sur les billets d'avion a joué un rôle pionnier. Mais les intérêts conflictuels des nations n'ont pas permis d'avancer au-delà des bonnes intentions. Pourtant, quelques années plus tard l'expérience du projet BEPS de lutte contre l'érosion des bases taxables et les transferts de bénéfices ont engrangé quelques succès et montrent que la coopération internationale peut être efficace pour positionner les finances publiques nationales dans un cadre global et viser à atteindre des objectifs communs en particulier par l'utilisation d'instruments fiscaux innovants. La dette écologique et de manière générale la lutte contre les atteintes environnementales et pour la transition énergétique sont aujourd'hui un problème majeur pour l'ensemble de la planète. Même si elle est difficilement mesurable, la reconnaissance commune d'une dette écologique par les pays riches peut donner lieu à la mise en place de fonds, alimentés par des taxes globales, au profit des pays pauvres. L'aggravation de la catastrophe environnementale est un défi qui se pose de manière immédiatement globale. La réponse doit donc être à cette échelle. RFFP n° 167 - Septembre 2024