Revue - Les Cahiers de l'Arbitrage N°1 - 2024 - 190

SPÉCIAL « ARBITRAGE ET JEUX OLYMPIQUES »
of Asia. D'ailleurs, sous l'égide de l'IeSF, l'eSport a même été intégré aux Jeux
Asiatiques en 2018 comme « sport de démonstration » 17
. Cependant, l'absence
d'éditeurs en son sein ne lui permet pas de s'imposer comme une fédération
représentative du secteur.
12. En 2016, le groupe suédois Modern Times Group (MTG) 18
, leader mondial
de la promotion de compétitions eSportives avec ses filiales Electronic Sports
League (ESL) - cédé en avril 2022 à la société Savvy Gaming Group (SGG) pour
960 millions USD 19
- ou encore Dreamhack, créait la WESA 20
a l'ambition de devenir « la FIFA de l'eSport » 21
. Cette dernière, qui
, dispose d'un centre d'arbitrage,
l'Arbitration court of ESports (ACES). L'ACES précise les règles applicables à la
procédure, de la saisine par requête jusqu'à la sentence finale 22
. Mais à l'inverse
du TAS, l'ACES ne dispose ni d'un Secrétariat, ni d'une liste d'arbitres. Par ailleurs,
l'ACES n'a toujours pas publié de rapports annuels ou de statistiques sur les affaires
enregistrées qui pourraient témoigner de son activité. L'absence d'éditeurs au sein
de la WESA n'en fait pas une institution représentative et légitime qui permettrait
au secteur d'adhérer à la clause d'arbitrage ACES.
13. ESL a continué le développement d'institutions calquées sur le modèle
du sport. C'est d'ailleurs le cas avec l'ESports integrity commission (ESIC), une
association à but non lucratif dont ESL est membre fondateur. À l'image de
l'Agence mondiale antidopage, l'ESIC se veut l'organe de contrôle et de sanction
sur les questions de dopage ou encore de manipulation des jeux. Là encore, peu
représentative, l'ESIC n'intervient que dans les compétitions organisées par les
sociétés du groupe MTG.
14. En 2019, la GEF, une institution qui se veut représentative des parties
prenantes de l'eSport a été fondée à Singapour par le groupe chinois Tencent 23
,
leader mondial des jeux vidéo.
15. Les moyens déployés lors du lancement étaient colossaux pour s'imposer
comme l'unique fédération internationale des jeux vidéo et des sports virtuels 24
.
17. Un sport de démonstration est disputé pour tester la popularité d'une discipline, sans le
comptabiliser dans le palmarès d'une compétition. Cette expérience a été reconduite pour les Jeux
asiatiques de 2022.
18. MTG, The new pure-play in eSports and gaming entertainment, Investor Presentation,
mars 2019.
19. MTG, Corporate Responsibility Report, 2022, p. 41.
20. MTG, Corporate Responsibility Report, 2019, p. 37
21. H. Tsukayama, Meet WESA - the first professional organization for e-sports players: The
Washington Post, 16 mai 2016.
22. WESA, ACES Arbitration Rules, 2016.
23. Xerfi, Les leaders mondiaux des jeux vidéo, sept. 2019, p. 5. D'après ce rapport, Tencent
serait en termes de chiffre d'affaires le premier éditeur Mondial de jeux vidéo, avec des ventes
estimées à près de 16,7 milliards d'euros pour l'année 2018. Soit trois fois plus que ses concurrents
Activision Blizzard (dont Tencent détient 5 % du capital) et Electronic Arts.
24. ESports Daily News, Tencent devient l'un des partenaires fondateurs de la Global ESports
Federation (GEF), 17 déc. 2019.
La GEF a recruté des profils internationaux occupant ou ayant occupé des rôles clés dans des
institutions sportives d'envergure internationale. La GEF est présidée par Chris Chan, par ailleurs
secrétaire général du Comité national olympique de Singapour. La vice-présidence revient à Edward
Cheng, viceprésident de Tencent. La direction générale est conduite par Paul J. Foster, un vétéran
du Mouvement olympique. Aussi, la « Commission des athlètes et des joueurs » est dirigée par
Charmaine Crooks, qui siège par ailleurs au Comité national olympique du Canada et au sein
de la Canadian Soccer Association. Elle est également membre fondatrice de l'Agence mondiale
antidopage et de la Commission d'éthique du CIO. Enfin, pour donner au GEF une envergure
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