CHAPITRE 1 Trois générations de tribunaux spécifiques 28. Les trois premières générations de tribunaux pénaux internatio. Elles avaient naux disposaient d'une compétence matérielle limitée aux crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre1 également des compétences ratione loci et ratione temporis contraintes et relatives à la seule situation à l'origine de leur office. Ceci étant dit, les conditions politiques ayant présidé à leur création, l'esprit qui gouvernait leurs actions et leurs bilans respectifs apparaissent pour le moins contrastés. On doit en particulier opposer les modèles de Nuremberg et Tokyo à ceux adoptés cinquante ans plus tard. Les premiers incarnaient cette justice des vainqueurs que les seconds voulurent écarter. L'ensemble relève de toute façon davantage du passé que de l'avenir. Les tribunaux militaires internationaux sont désormais des objets de l'histoire, les tribunaux pénaux internationaux ont fermé leur porte et laissé place à un « Mécanisme » spécial chargé des questions dites résiduelles. Il ne reste in fine qu'une poignée des dix juridictions hybrides créées lors des vingt-cinq dernières années. L'héritage de ces institutions pionnières est néanmoins précieux pour saisir aujourd'hui les réussites et les échecs, juridiques ou politiques, de la Cour pénale internationale. Section 1 Les tribunaux militaires internationaux 29. Les Alliés ont donc créé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de façon concertée ou unilatérale, deux premières juridictions 1. Le crime de génocide n'était pas pleinement reconnu dans le statut des tribunaux militaires internationaux, v. infra nº 118 et s. Celui-ci incluait en revanche le crime contre la paix qui ne figurait pas dans les statuts des autres juridictions ad hoc. 55