Droit & Pratique professionnelle - Guide des techniques de plaidoirie - 2e - 179

L'utilité d'un dossier de plaidoirie
Certains avocats se limitent ainsi à reprendre purement et simplement leurs conclusions
écrites qu'ils insèrent dans leur dossier et à produire les pièces, dans le même ordre de
présentation que celui de leurs écritures.
Ce travail que l'on pourrait qualifier d'aminima n'est bien souvent que la conséquence de
la décision paresseuse de laisser aux collaborateurs, quand ce n'est pas aux assistant(e)s
et/ou secrétaires juridiques, le soin de préparer les dossiers de plaidoirie, qui seront
utilisés par l'avocat.
Le résultat ne peut être que décevant.
Le dossier de plaidoirie se réduit, alors, à une simple « reprographie » de l'ensemble de la
production écrite, sans réel travail de restructuration, d'apurement et de mise en exergue
des éléments pertinents.
Soyons clairs : un tel dossier de plaidoirie ne sert à rien ou, en tout cas, à peu de choses.
Pour être véritablement utile à l'audience, le dossier de plaidoirie doit être constitué spécifiquement
pour cette intervention, et selon la stratégie retenue par l'avocat qui doit le
plaider. Celui-ci ne peut donc pas laisser un tiers préparer son dossier de plaidoirie.
Le premier conseil à retenir est donc de préparer soi-même son dossier de plaidoirie.
Sur la forme, le dossier de plaidoirie doit, par ailleurs, respecter quelques principes de
bon sens pour un usage facilité à l'audience.
Les principales règles, en la matière, sont les suivantes :
- Le dossier est constitué de cotes (c'est-à-dire de « sous-chemises ») dont le
nombre varie selon évidemment l'importance des pièces du dossier.
La question de la couleur des cotes... ne doit précisément pas être une question.
La couleur des cotes importe peu, l'important est que l'avocat, puis le magistrat, s'y
retrouvent, lors de l'audience.
Il est, en revanche, indispensable de les numéroter pour les retrouver facilement dans le
cas malheureux où ces cotes viendraient à être mélangées (au terme de l'intervention par
exemple, ou encore en cas de chute au sol du dossier).
- Chaque argument doit être porté, par écrit - de manière manuscrite ou non - sur
une cote, dans un style concis pour pouvoir être déchiffré rapidement à l'audience.
Il est donc nécessaire de se limiter, à une phrase ou deux maximums, par argument, et
donc par cote.
Si l'annotation est manuscrite, celle-ci doit être facilement lisible - il faut que l'écriture
soit aérée et de taille suffisante pour être lue rapidement, sans effort excessif de décryptage.
Qui ne s'est pas déjà retrouvé à tenter de déchiffrer ses propres écritures rapidement
jetées sur un dossier ?
- Dans la cote, doit être rangée la pièce correspondant à l'argument et au moyen
développés.
L'objectif est de pouvoir retrouver facilement à l'audience, en cas de besoin, la bonne
pièce, pour la présenter au magistrat, la commenter ou simplement en prouver l'existence.
Bien
évidemment, et pour cette même raison, si la pièce sert plusieurs arguments/
moyens,
il conviendra delaproduireen autant d'exemplaires qu'il y aura de cotes
s'appuyant sur celle-ci.
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