Droit & Pratique professionnelle - Guide des techniques de plaidoirie - 2e - 42

GUIDE DES TECHNIQUES DE PLAIDOIRIE
EN RÉSUMÉ
Au terme de cette seconde étape, l'avocat sera en mesure de repérer les pièces pertinentes
pour le traitement du dossier.
Il aura mis en évidence (par un surlignage) les informations importantes.
Ce sont ces pièces qui seront soumises au travail d'analyse systématique mis en œuvre dans
le cadredela dernièreétape.
§ 3. Analyser de manière précise les pièces
pertinentes à retenir pour la plaidoirie
(étape intellectuelle)
L'avocat devra, enfin, soumettre les pièces les plus pertinentes du dossier à un travail
rigoureux d'analyse.
Il s'agit de procéder à une analyse du contenu et de la portée précise de la pièce. Ce
travail consistera, pour l'essentiel, à :
- repérer les notions utilisées ou les termes importants employés ;
- en chercher le sens précis en rapportant ces mots au contexte de l'affaire (choix
des termes retenus par les parties, nuances du vocabulaire utilisé, etc.6
);
- contrôler la pertinence des termes retenus et leur rapport avec les choses
décrites. Ce travail peut se faire au moyen des topiques juridiques bien connus7
- s'interroger sur les liens logiques qu'entretiennent les mots entre eux8
;
.
L'analyse du dossier dont les étapes viennent d'être rappelées, implique une méthode de
travail spécifique qui doit donner lieu à une lecture impartiale et privilégier le doute cartésien
systématique9
par rapport à ce qui n'est pas prouvé.
C'est un principe fondamental à respecter, puisque le principal risque à ce stade consiste
pour l'avocat à faire confiance en ce qui est affirmé par le client, sans vérifier si la position
est étayée par des éléments tangibles pouvant être utilisés devant un juge.
L'erreur est donc de « croire » le client. Pour échapper à celle-ci, la solution est de ne
faire confiance qu'aux pièces.
Toutefois le client n'est pas le seul à générer - involontairement - un écran trompeur
avec la réalité. L'avocat lui-même peut être à l'origine d'une distorsion de perception. En
6. Mais également en creux, les termes qui n'ont volontairement pas été employés.
7. Les topiques ou « lieux argumentatifs » pouvant être mobilisés sont principalement : l'étymologie des termes employés, les
mots de la même famille, le genre, l'espèce, les similitudes, les différences, les contraires, les rapports, les conséquences et
les antécédents, les choses qui s'excluent les unes les autres, les causes, les effets, la comparaison de
supériorité/infériorité/égalité...
8. Ce travail peut, par exemple, révéler l'existence de faits identiques ou de faits seulement ressemblants ou encore une confusion
entre la causalité et une simple corrélation (Cum hoc ergo propter hoc).
9. « Comme nous avons été enfants avant que d'être hommes et que nous avons jugé tantôt bien et tantôt mal des choses qui
se sont présentées à nos sens lorsque nous n'avions pas encore l'usage entier de notre raison, plusieurs jugements ainsi précipités
nous empêchent de parvenir à la connaissance de la vérité, et nous préviennent de telle sorte qu'il n'ya point d'apparence
que nous puissions nous en délivrer, si nous n'entreprenons de douter une fois en notre vie de toutes les choses où nous trouverons
le moindre soupçon d'incertitude. » (Descartes, Principes de la philosophie,1).
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