Droit & Pratique professionnelle - Guide des techniques de plaidoirie - 2e - 88

GUIDE DES TECHNIQUES DE PLAIDOIRIE
de la justesse de la mineure. C'est précisément l'objet des qualifications juridiques qui
constituent fréquemment les mineurs des syllogismes juridiques.
Exemple :
- Le vol est la soustraction frauduleuse du bien d'autrui ;
- X a soustrait frauduleusement le bien de Y ;
- X a commis un vol.
La règle de droit est simple, la conclusion également. Il en va différemment de la
mineure, car il faut démontrer précisément que l'acte qui est reproché à X constitue effectivement
une soustraction frauduleuse d'un bien, et que ledit bien appartient à autrui (Y en
l'espèce).
Certains avocats présentent des syllogismes « irréguliers » dans leur forme ; c'est-à-dire
des syllogismes qui ne respectent pas, explicitement, la présentation ternaire précitée
(en droit, en l'espèce, en conséquence).
Conseil pratique
La plus connue de ces présentations « tronquées » est l'enthymème qui ne présente que deux
propositions (majeures et mineures, en principe) et non la troisième, cette dernière étant à ce
point évidente qu'il n'est pas utile de la formuler explicitement.
Ce procédé peut présenter un certain intérêt dans la mesure où il laisse l'interlocuteur (le
juge, donc), le soin de déduire lui-même la conclusion. Cette dernière ne lui est donc pas
imposée par l'avocat, mais c'est lui-même qui l'a dégagée de la démonstration qui lui est
présentée. Pour autant, ce procédé n'ade sens et d'utilité que si la conclusion s'impose mécaniquementetque
le magistratn'apas besoin d'être « aidé » pour la comprendre.
À défaut, il est évidemment préférable d'exprimer explicitement une conclusion, de peur que
celle-ci ne soit pas comprise1
.
Il ne faut pas confondre les syllogismes irréguliers dans leur forme (qui sont donc parfaitement
fondés, même s'ils font l'économie de certaines présentations formelles), avec les
syllogismes déductifs irréguliers quant à leur mode logique. Il en est notamment ainsi du :
- syllogisme conditionnel (la majeure est « si... alors ») ;
- syllogisme à proposition mineure négative ;
- syllogisme disjonctif : la majeure n'est pas affirmative mais propose une alternative
dont la mineure écarte une des deux branches. Un cas particulier est le dilemme
mais dans ce cas les 2 branches arrivent à la même conclusion.
De même, sur le plan formel toujours, il peut arriver, en droit, que la majeure et la
mineure soient composées non pas d'une seule et unique proposition, mais de plusieurs
théoriquement liées l'uneàl'autre par une relation logique et dont on tire une seule et
unique conséquence (on parle alors de syllogisme étendu ou sorite).
Enfin,
l'Epichérème est construite autour d'une majeure et d'une mineure accompagnées
de leur preuve.
1. L'enthymème peut également être utilisé de manière « stratégique ». En laissant de côté une des prémisses, nous évitons
d'attirer sur elle des objections voire des disqualifications.
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